Crise du logement étudiant : face à la demande croissante, associations et syndicats réclament des "mesures d'urgence"

La proposition de 10 000 nouveaux logements, dévoilée par Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur, ne convainc pas les associations et les syndicats bordelais confrontés à la détresse étudiante. Pour eux, il faut aller encore plus loin.

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"Rien de palpable, rien de concret." Pour Yanis Jaillet, secrétaire général de l'Union étudiante de Bordeaux (UEB), les propositions formulées par Sylvie Retailleau ne sont pas à la hauteur de la crise du logement en Gironde. Jeudi 26 octobre, dans une interview accordée au Parisien, la ministre de l'Enseignement supérieur dévoilait son plan d'action, visant à endiguer la crise, alors que de nombreux étudiants se sont retrouvés sans logement à la rentrée 2023

Parmi les mesures évoquées, la construction de "10 000 nouveaux logements" dans l'Hexagone, loin des 30 000 promis par Elisabeth Borne en septembre. Très éloignée encore des 60 000 évoqués par Emmanuel Macron sept ans plus tôt. L'Union étudiante de Bordeaux dénonce du "mépris et des effets d'annonce".

Un logement pour 12 étudiants

Le Crous de Bordeaux-Aquitaine ne possède que 10 500 places pour 134 000 étudiants. "Soit un logement pour douze étudiants", illustre Yanis Jaillet, contacté par téléphone. Pour le secrétaire général de ce syndicat, les places disponibles ne répondent pas à la demande croissante des étudiants. "On n'a jamais été autant sollicité, déplore-t-il, certains ont dû louper la rentrée, faute de logement."

C'est le cas de Sarah, en formation de sciences du langage à l'université Bordeaux Montaigne. L'étudiante originaire de Montpellier n'a été acceptée dans sa licence qu'à la fin du mois d'août, lors des phases complémentaires de Parcoursup. S'en est suivie une course contre la montre, les cours débutant onze jours plus tard. 

"Toutes les résidences Crous étaient remplies. Sur Leboncoin, il n'y avait que des arnaques et les résidences universitaires privées n'avaient plus de place, je ne pensais pas que ce serait si difficile", souffle-t-elle. 

J'ai manqué une semaine de cours car je n'avais pas d'appartement.

Sarah, étudiante à l'université Bordeaux Montaigne

à la rédaction web de France 3 Aquitaine

Son cas n'est pas isolé. Le Crous ayant indiqué à Mathys qu'il ne restait plus de place dans les résidences, cet étudiant boursier alternait entre des trajets de deux heures depuis son domicile et des solutions temporaires d'hébergement chez des amis.

Tous deux ont finalement trouvé une alternative auprès de l'Association de coopération pour le logement des étudiant·es de France (Aclef). Créé par un collectif d'étudiants, l'organisme met en place des solutions concrètes de logement par le biais de partenariats avec des bailleurs sociaux.

Une situation qui empire

À Bordeaux, l'Aclef met à disposition 42 places dans une ancienne résidence d'autonomie, située dans le quartier de Bacalan. Le loyer y est plafonné à 400 euros toutes charges comprises. 

L'association, qui œuvre à Bordeaux depuis 2020, a vu les demandes bondir au fil des années. "En plus du pic en juillet/août, on constate une vraie augmentation des sollicitations d'urgence", relate Anne-Cécile Dockès, directrice générale. 

Les 10 000 nouveaux logements, proposés par la ministre de l'Enseignement supérieur, sont alors "clairement insuffisants". Car plus qu'un manque de places dans les résidences étudiantes, l'Aclef souligne également un problème d'accessibilité aux logements, qui sont de moins en moins abordables pour des étudiants sans ressources financières.

"Le cœur du problème, c'est quand même une question de revenu", tranche la directrice générale Anne-Cécile Dockès.

Vers un revenu universel pour les étudiants ?

Parallèlement, depuis cet été, l'Union étudiante de Bordeaux alerte sur une rentrée "qui se tient dans des conditions matérielles désastreuses avec des files d'attente aux distributions alimentaires qui s'allongent".

Dans ces conditions, le secrétaire général du syndicat pointe la nécessité de développer des "mesures d'urgence". "La précarité est plus large qu'une question de logement", esquisse-t-il.

Outre la construction de "150 000 logements en urgence et 600 000 à terme", l'UEB préconise la création d'un revenu d'autonomie "pour tous les étudiants, sans critère social". "Il faut sortir d'un système de bourse infantilisant dont l'obtention dépend du revenu des parents", appuie Yanis Jaillet.

Ce revenu, à hauteur de 1128 euros par mois, viendrait, selon l'association, "lutter contre le mal-logement". "C'est un système de solidarité nationale, une philosophie de reconsidération de la jeunesse", poursuit le secrétaire général.

En octobre, le président Emmanuel Macron avait fait part de son opposition à la création d'un revenu universel pour tous les étudiants, alors que quatorze présidents d’université avaient appelé à l'instauration d’une "allocation d’études".

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