Témoignage. Une élève de 16 ans affirme avoir eu une relation sexuelle consentie avec un enseignant de la Maison de la formation de Poitiers

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Que s'est-il passé dans la Maison de la formation de Poitiers ? Plusieurs formateurs ont alerté la direction sur une relation intime entre un enseignant et une jeune élève de 16 ans, ils auraient subi des pressions .Reportage de Lucie Cecconi, Stéphane Bourin, François Bombard, Marcel Dubois et Bénédicte Biraud. ©France Télévisions

Que s'est-il passé au sein de la Maison de la formation de Poitiers ? Plusieurs formateurs ont alerté la direction sur une relation intime entre un enseignant et une jeune élève de 16 ans, ils auraient subi des pressions.

C'est une situation pour le moins surprenante que dénoncent plusieurs formateurs de la Maison de la formation de la Vienne. Ils ont alerté leur direction, sur une relation intime entre l'un des formateurs, un homme âgé de 37 ans, et une élève de 16 ans. La relation était consentie et la jeune fille avait dépassé l'âge de la majorité sexuelle en France fixé à 15 ans. En dessous de 15 ans, toute relation hétérosexuelle ou homosexuelle est considérée par principe comme non consentie. Mais, au lieu d'écouter les enseignants formateurs, la direction les aurait convoqués pour certains à des entretiens préalables à un licenciement.

Des faits dénoncés en 2022

Tout a commencé en 2022. Une jeune élève de 16 ans confie à une camarade avoir eu une relation sexuelle avec l'un de ses enseignants, un homme de 37 ans, marié et père de famille.

"J'ai eu un rapport avec un de mes professeurs" reconnaît-elle, "et suite à ça, j'en ai parlé à une amie et ça s'est diffusé partout dans mon établissement. Et il y a un moment où j'ai su qu'un de mes professeurs était au courant, donc j'ai décidé de lui en parler."

Fin décembre 2022, les formateurs informés de ces faits, décident d'alerter la direction. Ils témoignent de façon anonyme : "C’est une jeune fille qui est venue me parler et qui est mineure et ça touchait un formateur, donc pour nous, aller voir la direction, c'était la seule chose à faire" explique une des formatrices. Une autre affirme que la direction a totalement inversé la situation "Ils entendent néanmoins, le directeur nous dira à ce moment-là que la jeune fille est toxique. Sans l'avoir jamais rencontrée à ce moment-là."

Et, une troisième raconte la réaction de la direction.

À tous les formateurs qui ont dénoncé cette affaire, il a été demandé de se taire et de ne pas ébruiter l'affaire.

Une formatrice du CFA

Fin janvier 2023, les parents décident de saisir la justice, comme le raconte le père de l’élève "On est allé déposer plainte au commissariat de Poitiers avec les services compétents pour ces histoires-là. Et au bout de deux jours, on a eu une décision : classé sans suite". Le parquet explique ne pas pouvoir poursuivre pour défaut d'infraction.

L'absence de réaction de la CCI interroge

C'est en tout cas l'avis de Marie-Hélène Dieumegard, avocate de la famille "Ce genre de comportement n'est pas répréhensible sur le plan pénal, mais semble-t-il en tout cas, ce n'est pas moral de la part de cet enseignant. Et je m'interroge, qu'est-ce qui s'est passé pour cet enseignant ? Est-ce que la direction a géré la situation ?

Il semble que la jeune fille n'ait été ni protégée, ni accompagnée par l'institution.

Anne-Hélène Dieumegard

Avocate de la famille de la jeune fille

En effet, les jours et les semaines passent et selon les formateurs, cinq d'entre eux auraient subi des pressions et reçu une convocation pour un entretien préalable à un licenciement. Une pétition va circuler en ligne pour dénoncer ce procédé, la direction va répondre par un courrier. Pour elle, rien n'a été établi contre le formateur et toutes les mesures nécessaires ont été prises, précisant enfin "qu'il est impératif dans de telles circonstances de prendre des précautions d'usages et d'aviser les bonnes personnes au lieu de se substituer à celles-ci pour jeter l'opprobre sur un de leurs collègues".

Les salariés qui ont alerté la direction se sont vus reprocher leur intervention. "Ils m'ont accusée d'avoir augmenté les risques psychosociaux et d'avoir ébruité l'affaire" témoigne l'une des salariées. Une autre explique : "On m'a reproché de ne pas avoir suivi la procédure et d'avoir accusé ce formateur."

Sollicitée à plusieurs reprises, la direction de la CCI, dont dépend le centre de formation, n'a jamais donné suite.

Une situation qui reste difficile au centre de formation

Plus de six mois après les faits, la colère et l'incompréhension demeurent chez certains formateurs. Plusieurs d'entre eux auraient même décidé de changer de métier "Transmettre notre métier, c'est super beau et intéressant. Mais aujourd'hui c'est juste un dégoût en fait et une envie d'arrêter."

Une autre explique "Je ne vois pas l'intérêt de mettre à mal autant de nos collègues. On se trompe complètement de coupable."

Pour cette autre formatrice, les mentalités n'évoluent pas vraiment : 

Ce n'est pas possible encore, à notre époque, que ce soit la jeune fille mineure qui soit toxique et aguicheuse et provocatrice et qu'on ne remette pas en cause du tout, la responsabilité des formateurs.

Une formatrice du CFA

L’élève de son côté a terminé son année, mais ne sait pas si elle reviendra l'année prochaine finir sa formation. Selon elle, ce serait trop difficile de se trouver face à l'enseignant et se dire "qu'il a menti"

Le formateur concerné aurait quitté le centre de formation des apprentis.

La Chambre de Commerce et d'Industrie de la Vienne de son côté continue à garder le silence.

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