Tirs à Poitiers - Mort d'Anis : les propos polémiques de Bruno Retailleau ne passent pas

Le 31 octobre, Anis, 15 ans, perdait la vie après avoir reçu une balle dans la tête dans le quartier des Couronneries, à Poitiers (Vienne). Des propos tenus au lendemain du drame par le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau ont provoqué la polémique, suscitant de nombreuses réactions de la part d'élus.

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De l’événement tragique qui a causé la mort d’Anis, décédé après avoir été touché à la tête jeudi 31 octobre à Poitiers, est née une polémique qui n’a cessé d’enfler. Et ce depuis les propos tenus par le ministre de l’Intérieur sur les règlements de compte ayant eu lieu après les tirs qui ont blessé quatre autres mineurs de 15 et 16 ans.

Invité de BFMTV/RMC vendredi 1ᵉʳ novembre au matin, Bruno Retailleau n’a pas manqué de réagir à ces tirs aux Couronneries, un des quartiers prioritaires les plus peuplés de la ville avec près de 20 000 habitants, évoquant - à tort, une “rixe entre bandes rivales” qui aurait impliqué entre “400 et 600 personnes”, selon une note transmise par le préfet à Beauvau.

Des propos rapidement contredits par une source policière indiquant la présence d’environ “40 à 60 participants”. Information confirmée en fin de journée par le procureur de la République de Poitiers, Cyril Lacombe.

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Des données provisoires ?

Ce vendredi 8 novembre, la préfecture, contactée par notre rédaction, précise les informations communiquées par le chef de groupe du SDIS86 à 23 h 07 dans un second rapport. La note faisant état de “400 à 500 personnes présentes sur la place (cris, mouvements multiples de véhicules).”

Visiblement, il s'agissait de données provisoires puisqu’elles n’ont pas été confirmées par le procureur de la république, mais Bruno Retailleau les a sortis tel quelle lors de sa première interview le 1ᵉʳ novembre.

Luc Brisson

Cellule Vrai ou Faux de franceinfo

Selon notre confrère de la cellule Vrai ou Faux de franceinfo, Luc Brisson, avec qui nous avons échangé, ces notes des services de secours étaient en fait “visiblement des données provisoires puisqu’elles n’ont pas été confirmées par le procureur de la république, mais Bruno Retailleau les a sortis tel quelle lors de sa première interview le 1ᵉʳ novembre.”

Le jour même, vendredi 1ᵉʳ novembre, ces chiffres qui se sont avérés excessifs ont suscité la colère de la maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond'huy. Sur radiofrance, elle a fait part de son mécontentement : “Des personnes ont été présentes, mais pas toutes impliquées, loin de là”, explique-t-elle, soulignant par ailleurs en avant une “attitude plutôt constructive et positive à l’égard des forces de sécurité”.

Les foudres de la maire de Poitiers

Quelques jours plus tard, le 4 novembre, l’édile, alors invitée de France Bleu Poitou, s’est adressée au ministre de l’Intérieur. Estimant qu’une “faute” avait été commise par Bruno Retailleau, elle lui a demandé de “rectifier” ses propos et qu’il “rétablisse la vérité”, plutôt que d’alimenter “un discours de politique basé sur la peur” : “Il y a une instrumentalisation de l’image d’un quartier et de notre ville au service d'un discours alarmiste et populiste”, a-t-elle dénoncé

Léonore Moncond'huy regrette que ces discours nourrissent “les amalgames” entre les trafiquants et les jeunes de quartier, et plus précisément sur le profil de Yanis, qui n’avait “strictement rien à voir avec le trafic de drogue”. Lisa Belluco, députée de la Vienne invitée de notre émission Dimanche en politique de ce dimanche 10 novembre, elle aussi “en colère”, abonde en ce sens : “Nous sommes en train d'utiliser ce drame pour dire qu’aux Couronneries, c’est la jungle. Un peu de respect.”

Bruno Retailleau se défend

Vient ensuite le 6 novembre et les questions d’actualité au gouvernement, la sénatrice LR de la Vienne Marie-Jeanne Bellamy, a interpellé le ministre de l’Intérieur pour qu’il éclaire les élus sur les chiffres précis des personnes présentes lors de l’affrontement, dans l’optique de “mettre fin aux polémiques”.

En réponse, Bruno Retailleau a indiqué avoir reçu deux rapports : l’un au petit matin et l’autre quelques heures après des sapeurs-pompiers, “qui indiquait que 400 à 500 personnes étaient descendues et qu'une partie de ces personnes s'étaient livrées à des affrontements. À tel point que cela a gêné les secours.”

Version qui avait été confirmée dès le 1ᵉʳ novembre par le préfet de la Vienne, Jean-Marie Girier : “Des tensions sont très vite survenues et en particulier un certain nombre d'individus recherchant à connaître l'auteur présumé des coups de feu ou ses proches à aller éventuellement les rechercher chez eux”, avait-il expliqué chez nos confrères de franceinfo radio.

Lors de sa prise de parole au Sénat, le ministre de l’Intérieur avait affirmé : “Moi, mon combat, ce n’est pas un combat statistique”, mais “contre cette terrible pieuvre du narcotrafic”. Une série de mesures en ce sens est par ailleurs attendue ce vendredi.

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