Depuis de nombreuses années, le Tour Poitou-Charentes s'achève dans le quartier populaire des Couronneries. Un choix du Grand Poitiers qui sied bien à la direction de la course.
Les hautes tours trônent, véritables cathédrales de béton. Une poignée de devantures défraîchies que seuls quelques tags sortent des années 1970 où elles ont vu le jour, entourées de rares brins d'herbe pas encore roussis ; l'arrivée de l'ultime étape du Tour Poitou-Charentes détonne, après tous ces kilomètres de traversée bucolique. Un choix assumé par Alain Clouet, le président de la course. "Il fallait trouver un endroit dans Poitiers où faire une arrivée. Et il s'avère que ça tombe bien, c'est une cité populaire."
Autour des barrières, des passionnés de cyclisme qui ne rateraient pour rien au monde l'arrivée de l'épreuve, certains ayant revêtu les maillots de leur club ou de leur équipe favorite. Mais, surtout, beaucoup de curieux, les mains pleines de babioles distribuées par la caravane publicitaire. C'est le cas d'Amina, qui est venue avec ses deux petites filles Inès et Asma. "Cela fait huit ans que suis arrivée d'Algérie, explique-t-elle. J'habite juste en face, j'aimerais que la course ait lieu tous les jours. C'est un moment de l'année qu'on attend avec impatience." Au moins autant que ses filles, glace au chocolat à la main, qui attendent leur photo avec la mascotte, une vache géante. Il faut pourtant attendre, le bovidé n'en finissant plus d'être sollicité pour des selfies.
Plus loin, les Couronneries prennent des accents insulaires. Une foule d'adolescents arborent des chapeaux de paille, distribués par la caravane. Derrière eux, Clément Mangeant, directeur du secteur jeunes de la Maison de Gibauderie, à Poitiers, à l'origine de leur venue. Une grande première. "Ce sont des jeunes qui ne suivent pas forcément le cyclisme, alors on leur a expliqué un peu comment cela fonctionne, une échappée, le peloton." Gros avantage pour des structures à but non lucratif comme la sienne : la gratuité. "On essaie de profiter d'évènements comme celui-ci pour faire de l'ouverture culturelle avec les jeunes."
Voir les adolescents, yeux rivés sur l'écran géant tandis que les coureurs attaquent le deuxième tour du circuit final fait écho à la vision prônée par le directeur. "Cette arrivée correspond à l'image qu'on veut donner du Tour Poitou-Charentes, insiste Alain Clouet. Amener les coureurs devant les gens, c'est ça le cyclisme qu'on défend."
Près de 10.000 personnes vivent dans les Couronneries : de quoi toucher beaucoup de monde. "On ne force pas du tout la direction de course à faire l'arrivée ici, c'est un travail commun, assure Maxime Pédeboscq, conseiller municipal à la politique sportive de la mairie de Poitiers. C'est un beau succès d'amener du sport de haut-niveau dans nos quartiers populaires. Voir Stefan Küng, ce n'est pas donné à tout le monde."
Encore moins en bas de chez soi. Vissé sur les épaules de son père, un petit garçon devra encore entraîner ses yeux. "Mais i'vont trop vite, j'ai rien vu…" Il aura une autre chance l'année prochaine. Il n'est pas question pour le TPC de ne plus couronner son vainqueur dans les Couronneries.