Des militants du collectif "Bassines, Non Merci !" ont participé à une action de plantation d'arbres le long d'une parcelle agricole de la Vienne qui devait accueillir une vaste retenue d'eau destinée à l'agriculture, mais dont le projet a été annulé par le tribunal administratif de Poitiers. Deux cents arbres ont été plantés dans le calme et sous la surveillance de la gendarmerie.
"Des racines, pas des bassines !", clament les quelque 200 militants de "Bassines Non Merci !", rassemblés ce samedi après-midi le long de la départementale 15, à Parigny, dans la Vienne, sous l'œil de quelques gendarmes venus surveiller l'action du collectif.
De leurs voitures, les sympathisants sortent des barquettes dans lesquels sont soigneusement rangés des dizaines de plants d'arbres. "Des chênes, des cornouillers, des amandiers et des noyers", détaille Gilles, l'un des militants. Chacun amène ce dont il dispose. "On collectivise", sourit Gilles.
Alors que les discours se terminent, l'un des sympathisants donne quelques conseils. "Quand on plante un arbre, il est important que les racines soient bien immergées. Et il faut d'abord mettre le tuteur, car si on le met après, on esquinte les racines !"
Pelle à la main, un premier militant creuse un trou pour y déposer un plant en bordure de parcelle. Soudainement, les premiers éclats de rire retentissent. "Oh ! Un ver de terre !", s'exclame un participant à la vue du lombric. "C'est signe que tout n'est pas mort, ici", poursuit-il. La parcelle est bordée d'une bande de verdure qui se poursuit ensuite en fossé, avant le bitume de la départementale. "Ils sont dans la pelouse, là où il y a encore de la vie, explique le militant. Le reste, c'est-à-dire le champ, est mort."
À deux pas de lui, les doigts recouverts d'une terre collante, une jeune militante termine la plantation d'un jeune chêne. Elle justifie sa présence au rassemblement par la nécessité de "parler de l'eau et de son partage". Les arbres, plantés en haie, auront la capacité de retenir l'eau par le biais de leur système racinaire. "Retenir l'eau là où on veut nous l'enlever est vachement symbolique", conclut-elle.
Les agriculteurs dans ce modèle intensif ne sont pas là pour tout détruire, évidemment ! Ils font leur métier du mieux qu'ils peuvent, dans ce modèle. Il faut continuer à dialoguer. On ne peut pas changer de modèle sans eux.
Lisa BellucoDéputée EELV de la Vienne
Les militants mènent leur action, fort de leurs récentes victoires en justice. L'annulation par le tribunal administratif de Poitiers du projet de réserves de substitution en eau de la Pallu, dont fait partie la parcelle ciblée par les plantations d'arbres, vient rassurer les militants. "Notre discours est entendu désormais, constate l'une des portes-parole du mouvement, visage masqué par un cache-col. Pour l'annulation, ils ont repris des arguments que l'on a depuis longtemps, notamment que les mégabassines vont en réalité prendre plus d'eau que l'eau qui est prélevée actuellement."
Des militants écologistes sont présents au rassemblement. Parmi eux, la députée de la première circonscription de la Vienne, Lisa Belluco. "Participer à des actions comme celle-là, ça permet de se redonner de l'énergie pour porter ces combats à l'Assemblée nationale", explique-t-elle.
"Je sais que les agriculteurs qui sont dans ce modèle [intensif, NDLR] ne sont pas là pour dire qu'ils vont tout détruire, évidemment !, poursuit la députée écologiste. Ils font leur métier du mieux qu'ils peuvent, dans ce modèle. Ce que je dis, c'est qu'il faut les accompagner pour leur permettre de vivre. De vivre mieux. Car les premiers touchés par les pesticides, ce sont eux. Il y a des cas dans la Vienne. On ne peut pas changer de modèle sans eux. Il faut continuer à dialoguer avec eux pour sortir de cette destruction et rentrer dans une logique de régénération du vivant tout en continuant à nourrir les gens."
Les militants présents n'ont pas la certitude que les arbres plantés dans l'après-midi parviendront à l'âge adulte. "Peut-être seront-ils arrachés par l'agriculteur", lâche l'un d'entre eux. Reste que l'exploitant ne s'est pas frontalement opposé à l'action des militants anti-bassines.