Le 28 octobre 2017, Marina Fuseau, éducatrice spécialisée à Poitiers, a été assassinée par l'une des jeunes femmes dont elle s'occupait. Une stèle a été dévoilée ce lundi 23 août à Migné-Auxances (Vienne). Une façon de lui rendre hommage et de saluer le métier de travailleur social.
Une cérémonie en hommage à Marina Fuseau, assassinée le 28 octobre 2017, a eu lieu à Migné-Auxances (Vienne) lundi 23 août 2021, dans le jardin de l’association où elle travaillait, et qui gérait la structure d’aide et d’insertion pour les femmes en grande difficulté "Cécile et Marie-Anne". Une stèle a été érigée, pour ne pas oublier cette éducatrice spécialisée, morte à 39 ans. Il y a quatre ans, Marina Fuseau a été assassinée, frappée de plusieurs coups de couteau par une résidente qu’elle suivait dans le cadre de son travail. Cette dernière a depuis été déclarée pénalement irresponsable après une expertise psychiatrique.
L’inauguration a eu lieu en présence de ses parents, de son frère, de sa belle-sœur et de ses neveux ainsi que des élus locaux tels que Léonore Moncond’huy, maire de Poitiers, Alain Pichon, président du conseil départemental et de Florence Jardin, maire de Migné-Auxances et présidente du Grand Poitiers. Tous ont rendu hommage à la travailleuse sociale dévouée à son métier. "Le métier passait avant elle, jusqu’au bout. Même avec cette fille. Elle a cru la sortir de là. Elle aimait son métier, témoigne Colette Fuseau, la maman de Marina. On a toujours voulu qu’elle soit reconnue. C’est un métier qui est dans l’ombre. Nous trouvons que pour elle, pour nous, ça sera vraiment quelque chose… peut-être qu’on s’apaisera après", souffle-t-elle la gorge serrée.
Hommage rendu ce matin à Marina Fuseau, éducatrice spécialisée à #Poitiers assassinée dans l’exercice de ses fonctions il y a 4 ans. Une stèle a été dévoilée au sein de la communauté de #Salvert qui gère la structure d’accueil mère/enfant où travaillait Marina. pic.twitter.com/KngSWuoTbt
— Antoine Morel (@F3AntoineMorel) August 23, 2021
Reportage - Inauguration de la stèle en hommage à Marina Fuseau
Travailleur social : un métier en détresse
Les travailleurs sociaux sont confrontés à des difficultés et à un manque de reconnaissance, selon le père de la jeune femme, Patrick Fuseau : "Les gens deviennent de plus en plus violents, donc à partir de là, c’est un métier qui devient de plus en plus difficile. J’espère que nos hommes politiques pourront faire quelque chose, il faudrait que ça change."
"On en parle très peu, or c’est un métier très exposé, confirme Maryse Maligne représentante de l'institut régional du travail social (IRTS). J’interviens beaucoup dans ces établissements. Je vois la souffrance des travailleurs sociaux, je vois aussi quel est leur engagement. J’ai moi-même été éducatrice pendant 20 ans, j’ai été confrontée à la violence, j’ai eu un couteau sous la gorge. J’aimerais que le voile se lève."
Un métier en souffrance, pourtant difficile à mettre en lumière. La faute à un problème de représentation de la profession, selon Maryse Maligne : "C’est une profession discrète, soumise au secret professionnel donc les travailleurs sociaux vont être coincés entre la culpabilité et la honte. Or, je pense qu'ils sont les représentants d’une forme d’autorité symbolique."
La représentation symbolique, c’est que vous êtes mandaté par la société pour agir en droit. Et ça, c’est moins facile à représenter qu’un policier en uniforme. Mais c’est tout aussi important et si ça, ça se casse la figure, c’est tout le reste qui dégringole. Les travailleurs sociaux se sont les derniers remparts.
À 39 ans, Marina Fuseau aura payé de sa vie son engagement au service des autres.