Vienne : des arnaques au compteur électrique et plusieurs milliers d'euros de préjudice

Photo d'illustration.
Un reportage de Hugo Lemonier et Laurent Gautier

L'arrestation de deux jeunes femmes à La Trimouille, la semaine dernière, permet à la gendarmerie de lever le voile sur un vaste système d'escroquerie au compteur électrique. Cette entreprise vise uniquement un public vulnérable : des personnes âgées.

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Elles signent leurs bons de commande "Anaïs et Virginie". Ces deux commerciales d'une entreprise de Chasseneuil-du-Poitou ont été arrêtées la semaine dernière à La Trimouille. L'enquête, prise en charge par la compagnie de gendarmerie de Montmorillon, révèle une arnaque très bien rôdée au compteur électrique.

Les investigations des militaires débutent à la suite d'un étrange coup de fil. La belle-fille d'une vieille dame de La Trimouille s'inquiète depuis plusieurs jours. L'octogénaire reçoit de mystérieux appels de la part d'établissements de crédit. Elle n'a pourtant souscrit à aucun prêt à la consommation... Puis, elle fait le rapprochement avec la visite de deux jeunes femmes.

"Aucune issue possible"

Ces deux VRP l'ont convaincue quelques jours plus tôt d'installer un boîtier d'économie d'énergie. Montant de la facture : près de 4000 euros. La retraitée est sans le sous. Pas de de problème, prétendent les commerciales : les deux suspectes photographient à l'aide de leur smartphone ses papiers d'identité, un justificatif de domicile, etc. Le tout pour réaliser, à sa place, des demandes de crédit.

"Classique, commente le commandant de la compagnie de Montmorillon Philippe Cochois. La personne contracte un prêt à la consommation : l'argent est avancé à la société qui installe le compteur et c'est à la victime de rembourser. Si bien qu'il n'y a aucune issue possible : même en cas de condamnation de l'entreprise pour escroquerie, vous êtes tenu de payer."

Le pot-aux-roses découvert, les forces de l'ordre n'ont qu'à attendre les deux jeunes femmes au domicile de l'octogénaire pour leur passer les menottes. Ils découvrent dans la mallette de l'une des suspectes tout une fiche : les noms, prénoms, âges, numéros de téléphone de leurs victimes.

Des bons de commande anti-datés

Tout commence par un coup de téléphone. Les victimes, des personnes âgées, sont contactées par un centre d'appel situé au Maroc. Rendez-vous est pris. Quelques jours plus tard, deux femmes toquent à la porte. "Elles sont très charmantes. La plus jeune parlait très bien !", témoigne Maurice Brissonnet, un octogénaire, berné par le discours des commerciales. "Elles m'ont dit que mon compteur était trop vieux et que je devais le changer... J'y connais rien, moi !"

Les suspectes ne perdent pas de temps : elles rédigent un bon de commande. Le document est édité par la société Novia, une filiale du groupe Marchand, domicilés à deux pas des Champs-Elysées... Une adresse gage de respectabilité. Sauf que le bon est anti-daté. La victime ne peut alors pas se rétracter, alors même que la loi lui accorde un délai de rétractation de deux semaines.

Quelques heures plus tard, l'électricien vient installer le boîtier d'économie d'énergie. L'équipement dernier cri coûte une somme rondelette : 3960 euros. Pourtant, il se révèle parfaitement inutile : "Ce n'est pas conçu pour les particuliers, explique le commandant Philippe Cochois. La personne peut tout juste en espérer quelques dizaines d'euros d'économie... Comparé aux milliers d'euros d'installation, cela paraît totalement disproportionné."

Les deux jeunes femmes encourent 7 ans de prison et 750 000 euros d'amende. "Mais les escroqueries ne sont jamais lourdement punies devant les tribunaux", observe le gendarme. Leur patronne rejette la responsabilité sur ses employés. Une argumentation qui peine à convaincre les enquêteurs.



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