David et Emilie Blot sont installés depuis près de 20 ans à Aslonnes dans le Sud de la Vienne. Cette année ils ont acheté un petit moulin pour tenter de faire une farine locale. Avec le confinement à cause du coronavirus, et la pénurie de farine, ils sont submergés par la demande.
Le quotidien d’Emilie Blot a bien changé depuis la crise sanitaire et les conséquences du confinement. Auparavant, elle s’occupait de l’administratif pour l’exploitation de son mari David. "Désormais soit je fais la farine et je la mets en paquet, soit je suis en livraison ou en train de gérer la demande. Dès que je reçois une commande je tente de satisfaire le lendemain voire le jour même, je sais que la farine manque dans les grandes surfaces et que nos clients en ont besoin."Je travaille jusqu’à 14 heures par jour !
Le couple cultive des céréales dans le sud de la Vienne, à Aslonnes. Du blé, du colza, du millet ou encore du sorgho. En fin d’année dernière, ils discutent avec le boulanger de la Villedieu-du-Clain, intéressé pour avoir de la farine en circuit court et produire un pain local.Je pense aux enfants notamment qui s’occupent en faisant des gâteaux.
- Emilie Blot, agricultrice céréalière
Une tonne de farine par semaine
L’idée les séduit, ils commandent un petit moulin, se forment et devaient continuer à développer cette pratique, mais le coronavirus a tout accéléré : "Tout part tellement vite, constate David. Nous ne pouvons pas répondre à toute la demande. Nous sortons environ une tonne de farine par semaine.""Nous avons fait le choix de travailler avec des superettes de village ou des magasins de producteurs locaux. Nous avons été sollicités par des grandes surfaces, mais nous avons de mauvaises expériences." Le couple a organisé un petit drive dans son exploitation. Les clients à proximité peuvent commander, venir récupérer la farine et laisser l’argent dans une petite boîte. "On se dit bonjour de loin, c’est déjà ça", s’amuse Emilie.
Les Blot espèrent aussi que la crise prouvera aux citoyens qu’une autre consommation est possible.
Ils peuvent manger mieux à pas beaucoup plus cher. Nous vendons le paquet d’un kilo à deux euros, et ce prix baisse avec des contenants de cinq ou dix kilos qui sont aussi très demandés.
Trois fois moins de produits phyto
Sur les réseaux sociaux, David veut aussi mettre en avant sa démarche d’agriculture de conservation. "Nous ne sommes pas en bio car nous avons encore besoin de certains produits. Mais j’ai mis en place des méthodes de travail pour diviser par trois le recours au phyto. Je travaille également beaucoup moins les sols, j’ai aussi divisé par trois ma consommation de carburant."Le revers de la médaille, c’est qu’ils ont très peu de temps à consacrer à leurs trois enfants. "mais ils sont grands, ados et jeunes adultes, ils peuvent se gérer. D’ailleurs ils nous aident bien car ils font des recettes, prennent des photos de leurs créations et les postent sur notre compte Facebook pour donner des idées aux clients."