La forêt de Moulière, tout près de Poitiers, est l'un des lieux privilégiés de promenade pour les Poitevins mais là aussi, les effets néfastes des canicules et de la sécheresse se font sentir. De nombreux arbres, parmi les plus gros ou les plus fragiles, s'assèchent et meurent.
Cet été a été exceptionnellement sec dans la Vienne, le déficit en pluie est particulièrement important. Les nappes phréatiques qui avaient pu se recharger cet hiver et au printemps restent à un niveau qui n'est pas inquiétant mais celui des cours d'eau est nettement plus alarmant. Les sols, eux, sont particulièrement secs, faute de pluie. On le constate dans les champs mais aussi en forêt.
Les plus faibles dépérissent et meurent
Les arbres de la forêt de Moulière, près de Poitiers, souffrent de la répétition, d'années en années, des épisodes de canicule et de sécheresse. Certains résistent et d'autres non, ils s'assèchent et meurent. Depuis trois ans, chaque été est marqué, dans la Vienne, par un épisode de canicule et de manque de pluie. Certains arbres ne parviennent pas à résister, c'est ce que constatent les professionnels de l'Office National de la Forêt de la Vienne qui gèrent les forêts du département."Les géniteurs, les gros arbres, ça les fatiguent d'années en années. Il y des moments où ils vont stopper leur croissance, il s'agit d'espèces qui sont capables de s'adapter mais ce n'est pas tant l'intensité qui est préjudiciable que le renouvellement de ces épisodes caniculaires. Au fur et à mesure, les plus faibles disparaissent et meurent."
Les jeunes pousses ne sont pas épargnées
L'Office National de la Forêt estime, qu'en Moulière, environ un millier d'arbres sont affaiblis ou dépérissent. Il s'agit essentiellement de chênes ou de pins sylvestres, les espèces les plus fréquentes dans ce massif forestier de la Vienne. Les arbres, les plus gros ou les plus fragiles, ne trouvent plus assez d'eau dans le sol pour survivre. C'est aussi le cas des jeunes pousses dont beaucoup grillent sous le soleil d'été malgré les précautions prises par les agents de l'Office National de la Forêt."Les semis qui ont un ou deux ans auraient dû se développer, car les conditions de plantation étaient optimales pour qu'ils grandissent. On avait conservé autour d'eux des semenciers, des parents pour qu'ils restent à l'ombre cet été".
Adapter les forêts au réchauffement climatique
La rapidité du changement climatique et ses effets mortifères sur la flore laisse peu de temps aux spécialistes pour envisager des solutions permettant à nos forêts de climat, de moins en moins tempéré, de s'adapter à la nouvelle donne climatique. Plusieurs pistes sont évoquées. L'une d'elles consiste à privilégier, même dans le Poitou, des espèces méditérranéennes plus résistantes à la sécheresse. Une autre porte sur la façon dont les forêts sont gérées et conçues lors des plantations. Il s'agit de plus espacer les arbres sur une même parcelle."On aura moins d'arbres. On les mettra à des distances plus importantes les uns des autres. D'une part, ils auront plus de lumière pour la photosynthèse et ils seront moins nombreux à se partager l'eau qu'il y a dans le sol."
Une chose semble désormais certaine et inéluductable, nos petits ou arrières petits-enfants ne verront pas la même forêt de Moulière que celle que nous avons connue, lors des promenades familiales du dimanche.
Le reportage en forêt de Moulière d'Anne-Marie Baillargé, Stéphane Bourin et Alain Bortot.