Dimanche, le Ministre de la Santé annonçait la reprise du droit de visite dans les Ehpad. Dans celui de la Brunetterie, dans la Vienne, qui n’a pourtant enregistré aucun décès depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les visites restent ajournées entre les familles et les résidents.
Elle s’y attendait, mais l’annonce du ministre de la Santé, Olivier Veran, l’a tout de même surprise. "Personne n’est prêt à faire portes ouvertes dans nos structures. L’annonce, je la comprends, mais je trouve que c’est un peu rapide", explique Céline Bigeau, directrice de l’Ehpad La Brunetterie à Sèvres-Anxaumont et des Chataigniers à Chauvigny.
On nous a tellement demandé de respecter les mesures sanitaires et de sécuriser au maximum, qu’annoncer ça du jour au lendemain, ce n’est pas possible.
- Céline Bigeau, directrice de l’Ehpad La Brunetterie à Sèvres-Anxaumont
Pour autant elle comprend aussi le besoin qu’ont les familles de se retrouver après plusieurs semaines.
Le personnel de l’Ehpad La Brunetterie est tendu. Ils ont peur. Peur de faire rentrer le virus à l’intérieur. Peur d’anéantir les efforts qu’ils font depuis plus d’un mois. Pour eux, cette mesure va à l’encontre de ce que la structure avait mis en place jusqu’à présent. Céline Bigeau reprend : "On nous a tellement demandé de respecter les mesures sanitaires et de sécuriser au maximum, qu’annoncer ça du jour au lendemain, ce n’est pas possible".Si l’annonce du ministre de la Santé inquiète cette directrice d'établissement, ce n’est pas le cas pour Joël Roy et son épouse Véronique, domiciliés à Sèvres-Anxaumont. Sa belle-mère, Madeleine Puisais, réside à l’Ehpad de La Brunetterie. Sa famille et les promenades qu’ils font ensemble lui manque. Monsieur et Madame Roy ont reçu l’annonce du ministre avec un grand soulagement : "ça fait au moins cinq semaines que mon épouse n’a pas vu sa mère. On a hâte de renouer un contact physique".On a hâte de renouer un contact physique
- Joël Roy, le gendre de Madeleine Puisais, résidente de l'Ehpad
S’organiser au plus vite
L’heure est donc à la réflexion afin d’organiser des visites en toute sécurité. Pour toute l’équipe de l’Ehpad de La Brunetterie, impensable de faire rentrer les familles à l’intérieur de l’établissement. "On serait dans l’idée de laisser la famille à l’extérieur et le résident à la fenêtre. Une rencontre à l’extérieur pour les deux pourrait également être envisagée", déclare la directrice.Il faudrait également qu’une personne référente soit présente lors de chaque visite pour vérifier le respect des règles sanitaires. "C’est vrai qu’une bise avant de repartir, c’est vite fait et c’est tentant", avoue Joël Roy.C’est vrai qu’une bise avant de repartir, c’est vite fait et c’est tentant.
- Joël Roy, le gendre de Madeleine Puisais, résidente de l'Ehpad
Mais pour l’instant, aucune décision n’a été arrêtée dans l'établissement. D’autres questions restent sans réponses. A quelle fréquence autoriser les visites ? Faut-il autoriser des visites tous les jours ? Combien de temps peuvent-elles durer ? Est-ce qu’un même résident peut avoir plusieurs visites par semaine ?
Lundi matin, Céline Bigeau a envoyé un mail aux familles des résidents pour leur expliquer qu’aucune visite ne serait autorisée cette semaine. En cause, des tests pratiqués sur l’ensemble du personnel soignant et des résidents. L’objectif étant d’attendre les résultats de ces tests avant d’accepter les visites, peut-être la semaine prochaine.
Renouer un lien social
Difficile pour les familles d’attendre une semaine de plus, même si elles doivent se plier au règlement.Depuis le début du confinement, le personnel soignant a constaté un malaise chez certains résidents. Dès la semaine dernière et, conscients du besoin de maintenir ce lien social, les aidants ont commencé à réfléchir à une nouvelle organisation. "On sent bien que chez certains résidents, le moral n’est pas bon malgré les skypes et les appels. On se disait qu’il fallait qu’on trouve quelque chose pour permettre au résident de voir sa famille."
Si, pour le moment, l’Ehpad n’est pas prêt à organiser des visites, certaines familles mettent en place des techniques pour voir leurs parents. Joël Roy raconte que, lorsque son épouse se rend à l’Ehpad pour apporter du linge, elle en profite pour se rendre dans le parc et apercevoir sa mère. Une manière non risquée mais qui ne remplace pas le contact humain.