Icône du handball hexagonal, symbole de la France qui gagne, Nikola Karabatic voit son image ternie par sa mise en examen pour escroquerie dans l'affaire de soupçons de match truqué entre son club de Montpellier et Cesson, en mai.
Nikola, une icône sportive en périlMême si Karabatic nie avoir parié sur la rencontre et dément tout trucage, la chute est brutale pour cet enfant prodige du handball, double champion olympique et du monde en titre à seulement 28 ans. Beau gosse, affable, souriant, toujours disponible pour son public, Nikola Karabatic était adulé.
La popularité de ce handballeur hors norme, désigné meilleur joueur du monde en 2007, dépassait même le cadre des frontières nationales. Il est "celui que toutes les foules applaudissent, l'icône du handball mondial", résumait en décembre son entraîneur sous le maillot tricolore, Claude Onesta.
Né à Nis, en Serbie, avant de rejoindre la France à l'âge de 4 ans, Nikola Karabatic est un enfant de la balle. Son père Branko, dont il était très proche avant son décès au printemps 2011, était un ancien gardien international yougoslave.
Fatalement, Nikola et son jeune frère Luka, impliqué dans la même affaire, ont marché sur ses traces. Passé par le centre de formation de Montpellier, il débute à 17 ans en pro et contribue très tôt aux succès du club héraultais, dont le plus marquant est la victoire en Ligue des champions en 2003.
Une année plus tard, il quitte le confort douillet de Montpellier pour le club allemand de Kiel. C'est là, sur les bords de la Baltique, qu'il va polir son jeu,
basé sur une puissance physique exceptionnelle (1,96 m, 108 kg), au service d'une lecture du jeu remarquable.
Armé d'une soif de vaincre phénoménale, il devient très vite l'idole des supporteurs de Kiel, auxquels il ramène quatre titres de champion consécutifs et une Ligue des champions en 2007, mais l'histoire d'amour se finit mal. En 2009, il quitte le club, soupçonné d'avoir corrompu des arbitres, même si lui-même n'est pas impliqué dans ce scandale.
Une première erreur difficile à pardonner
Il revient à Montpellier, qui continue avec lui à engranger les titres de champion de France, mais peine sur la scène européenne. Avec l'équipe de France aussi, il accumule les victoires (Euro-2010, Mondial-2009 et 2011, JO-2008 et 2012) et les distinctions individuelles (meilleur joueur du Mondial-2011 et de l'Euro-2008 notamment).
Malgré les louanges, sa renommée et ses revenus de star (estimés à un million d'euros annuels), il reste simple et discret. "Ca m'a toujours énervé de voir un mec qui se prend pour un autre", dit-il.
Mais, élu champion des champions français 2011 par le journal L'Equipe, il connaît une année 2012 beaucoup plus difficile. Très affecté par le décès de son père, il passe au travers, comme toute l'équipe de France, de l'Euro en Serbie en janvier.
Les critiques fusent et l'affectent terriblement. Il s'en souviendra sept mois plus tard à Londres, après avoir gagné son deuxième titre olympique. "On a toujours eu une relation très proche avec les médias, mais quand ça n'allait pas, on a vu que ce n'étaient pas nos amis", lâche-t-il, aigri.
Vindicatif, il est même, avec Claude Onesta, en première ligne, le soir de la finale olympique, pour démonter le plateau de L'Equipe TV, la chaîne du groupe qui l'avait porté au pinacle en décembre mais qu'il trouve maintenant trop critique à son égard.
Cet épisode aurait pu être mis sur le compte d'une soirée trop arrosée et rapidement oublié, si son nom n'était apparu quelques semaines plus tard dans cette affaire de paris sportif frauduleux et de soupçons de match truqué.
Une erreur qui risque cette fois-ci de lui être plus difficilement pardonnée.