Trois questions à Alain Guiraudie, réalisateur albigeois sélectionné à Cannes pour son dernier film "L'Inconnu du lac"

Alain Guiraudie, réalisateur albigeois, est sélectionné à Cannes dans la catégorie Un certain regard pour son dernier long-métrage "L'inconnu du lac". C'est sa quatrième sélection dans le festival du cinéma le plus connu au monde. Nous l'avons rencontré avant son départ pour la Croisette...

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Parlez-nous un peu de votre nouveau film, L'inconnu du lac, que vous avez tourné l'été dernier dans le Var...

Alain Guiraudie : "C'est l'été. L'été qui touche à sa fin, je ne vais pas trop mentir là-dessus !(rires) On est au bord d'un lac, un lieu de drague pour hommes. Ils sont là, ils bronzent à poil sur la plage, c'est un lieu retiré, loin des familles !
Il y a un homme, jeune, Franck, qui tombe amoureux d'un autre mec, Michel, super beau mec, aux allures de surfeur californien. Mais bon, on sent que Michel est super dangereux... Ils vont vivre tous les deux une vraie histoire passionnelle.
Et parallèlement, Franck va vivre une autre histoire avec un autre mec qui se tient un peu en retrait de ce lieu. Il ne drague pas, il ne se fout pas à poil mais il aime bien venir et parler. Il va y avoir une vraie amitié entre eux.
Tout se passe autour du lac et après, il ne faut pas que j'en raconte trop. Il ne faut pas que je "spoile" car le film fonctionne aussi sur une surprise
..."

Il y a douze ans, vous étiez sélectionné pour la première fois à Cannes pour Ce vieux rêve qui bouge, moyen-métrage tourné à Saint-Juéry dans le Tarn, et récompensé entre autres par le prix Jean-Vigo. Vous disiez alors que Cannes vous apportait une certaine crédibilité. Aujourd'hui, quatre sélections derrière vous, qu'en est-il ?

Alain Guiraudie : "Il n'y a pas à dire, Cannes, c'est important. Mon médecin, par exemple, est au courant que je viens de faire un film, sans que j'aie eu à lui en parler ! (rires) La sélection à Cannes, c'est automatique, tout le monde en parle. Il y a beaucoup de gens qui ne me connaissent pas. Quand je leur dis que je fais du cinéma en habitant à Albi, ça me classe dans les branleurs vélléitaires qui pensent faire du cinéma. Cannes, ça pose son homme. Même dans le milieu du cinéma, ça me crédibilise comme cinéaste qui compte. 
Peut-être que j'y serais arrivé sans Cannes mais ça a vachement accéléré les choses.
Ce vieux rêve qui bouge a quand même fait le tour du monde, et moi avec. Cela reste un festival-phare, une fois qu'on est sélectionné à Cannes, que ça se passe bien à Cannes, qu'il y a un petit buzz, les festivals du monde entier viennent faire leur marché là, comme les distributeurs, les vendeurs internationaux...
Le film de moi qui n'a pas fait Cannes
[hors courts-métrages, ndlr], Voici venu le temps, est passé complètement inaperçu. 
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L'inconnu du lac à Cannes, c'est super ! Ce que j'en attends ? Du buzz, qu'on en parle ! Surtout que j'ai mis du temps à le faire, deux ans. Quatre ans sans tourner. Je ne peux pas trop compter sur le casting du film pour en parler, ça reste un petit film un peu fragile. Au départ, je ne voulais pas trop de moyens pour le faire, j'ai été servi de ce côté-là !
Donc il a besoin de ce buzz, de la presse...
"

Votre cinéma est inclassable, du moins pour les critiques. Comment définiriez-vous votre travail ?

Alain Guiraudie : "C'est vrai, on parle beaucoup de moi comme un cinéaste atypique. Je pense que c'est un cinéma qui cherche à réinventer le réel. J'ai deux veines : soit on part de quelque chose de très réaliste et on essaie de foutre le bordel dans ce réalisme-là, soit on part dans quelque chose de complètement fantaisiste et on réinjecte des choses de notre quotidien, du réel là-dedans. 
Le dernier est assez naturaliste. Flaubert écrivait que ce qu'il y a de plus beau, de plus noble, de plus haut en matière artistique, ce n'est pas de faire rire ou de faire pleurer, c'est d'agir à la façon de la nature et de faire rêver. On arrive à faire rêver, comme le réel le fait. C'est en ça que je me sens assez naturaliste.
Et puis, je suis attaché à cette idée que le cinéma part du réel. Moi, je m'inspire de mon expérience, des gens qui m'entourent. Et l'idée est de sublimer tout ça. On est là pour magnifier la réalité. J'aime beaucoup le côté "bigger than life" : c'est la vie mais un peu plus grand que dans la vie...
"


L'inconnu du lac sera projeté à Cannes vendredi 17 mai, à 17 heures, dans la catégorie Un certain regard. Le film sort en France le 12 juin.


Rencontre avec Alain Guiraudie avant son départ pour Cannes :





Les films d'Alain Guiraudie
1990 : Les héros sont immortels
1993 : Jours perdus
1994 : Tout droit jusqu'au matin
1997 : La Force des choses
2001 : Du soleil pour les gueux
2001 : Ce vieux rêve qui bouge (prix Jean-Vigo 2001)
2007 : On m'a volé mon adolescence (téléfilm)
2003 : Pas de repos pour les braves
2005 : Voici venu le temps
2009 : Le Roi de l'évasion
2013 : L'Inconnu du lac
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