Enrique Ponce: l'art d'être petit-fils

Le retour de Morante accapare tous les regards. Mais il ne faudrait pas oublier Ponce. Pour sa 24ème saison de métier, Ponce, 42 ans, vient encore de marquer les esprits en signant la plus belle faena de Bilbao. Samedi 7 septembre, il sera l'attraction de la corrida goyesque d'Arles. 

Enrique Ponce, l'a toujours affirmé. Sa vocation, son style dans l'arène, l'idée même qu'il se fait de la tauromachie: il doit tout à son grand-père Leandro. Leandro Martínez, son grand-père maternel vient de mourir à l'âge de 100 ans. Le quotidien ABC a publié la lettre d'adieu du torero à Leandro.

Mon grand-père est le point de départ de ma vie de torero. Qui je suis et ce que je suis, c’est à lui que je le dois ; à sa générosité pour donner tout son temps, à sa passion pour m'enseigner tout ce qu'il savait, à son appui inconditionnel depuis mes débuts jusqu’à aujourd’hui et à son exigence pour sortir le meilleur de moi-même. Il m’a surtout inculqué la plus belle leçon de vie : que pour accomplir mon rêve, je ne devais jamais oublier, avant tout, d'être une bonne personne.

J’ai en mémoire des milliers de souvenirs avec lui et de lui. Tant de voyages, tant d'illusions, tant de rêves accomplis et partagés ! Mon grand-père voulait réaliser le rêve qui faisait battre son cœur, et ce rêve, il l’a réalisé à travers ma personne. Le rêve a pris forme grâce à l’afición que nous partagions, lui et moi.

Comme elle est importante, la figure d'un grand-père dans la vie d'un enfant! Combien nous pouvons apprendre d'eux! Mon grand-père, quand j’avais six ans, m'a montré le chemin à suivre, il était un modèle, il était la source où j'ai bu. Il m’a appris tout ce que je sais.

Son concept de la tauromachie a toujours été pur et classique avant tout. Pureté et classicisme, ces valeurs qu’il m’a transmises se retrouvent je crois dans ma tauromachie. Il m'a en outre enseigné, et je lui en suis énormément reconnaissant, le respect du métier, du torero et du toro. Ce sont des principes de base qui devraient être inculqués à tous les enfants qui veulent être toreros. Une des choses plus importantes que j'ai apprises de lui est qu'il ne suffit pas de rêver : il faut travailler et consentir beaucoup d’efforts pour atteindre ses objectifs. Une autre de ses leçons c’est qu’en plus d’être torero, il faut toujours se comporter comme un torero, dans l’arène et hors de l’arène.

Dieu veuille que quand ce sera mon tour de jouer le merveilleux rôle de grand-père, je puisse transmettre à mes petits-enfants le goût de la vie et l’exemple de cet être humain exceptionnel que fut mon grand-père. Je rends grâce à Dieu pour l'avoir eu dans ma vie, pour avoir eu le privilège d'être petit-fils d'un homme aussi extraordinaire que lui.

Merci grand-père. Par toi, je suis torero, grâce à toi j'ai connu le bonheur d'être torero et j’ai eu la grande joie de te sentir fier de ce que les deux nous avons obtenu ensemble. Parce que je suis ton oeuvre, je suis l’oeuvre de ton sentiment, de ton amour de la tauromachie, je suis l’œuvre de la grandeur et de la profondeur de ton coeur.

Merci grand-père. Je suis petit-fils d'un rêve, de ton rêve, de notre rêve.