Au quatrième jour de tournage, la ganaderia de Raso de Portillo, aux portes tempétueuses de Valladolid. « Dans des conditions extrêmes » comme disent les présentateurs à la télé…
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Mardi 24 mars 2014, quatrième jour de tournage, Tolède, 8h30, 5 degrés. Eole est fou furieux. Au kiosque en bas de l’hôtel, j’achète le journal. Vive les journaux agrafés car à la seconde rafale, la double page consacrée à la disparition du MH 370 s’envole et part se coller sur le pare-brise d’un artisan-peintre. Je n’ai lu que son nom sur le fourgon : « pinturas Cuerva ».
Sur l’autoroute Tolède-Madrid, pas une voiture dans les deux sens. Un autre fiasco de la crise. Elle est trop chère et un km à l’est une double voie gratuite fait aussi bien l’affaire. A la station service, la pompiste, en place depuis 5 h du matin nous accueille avec le sourire : « vous êtes mes premiers clients… » .
Mostoles, tunnel du Guadarrama, autoroute de La Corogne, nouveau désaccord avec « Ginette », le SMS de Michel qui veut nous faire aller tout droit vers Avila, alors que la A61, inaugurée depuis deux ans, mène recta à Valladolid, via Ségovie. A l’arrivée, c’est kif-kif, la finca de Raso de Portillo se trouvant plus décalée vers Tordesillas. J’ai présenté mes excuses à Ginette.
Les frères Iñigo et Asis Gamazo qui parle le plus châtié des français, le mayoral Rafael, son fils picador, celui d’Iñigo nous accompagnent filmer les toros. Il y a tant de vent qu’il faut descendre le pied de la caméra car même à l’arrêt, le pick-up tangue. A coup sûr, les images et les sons de cette ganaderia vont être superbes. Au fond, derrière toros et vaches, dansent les pins parasols en d’immenses vagues vertes. Après trois heures de tournage dantesque, retour au chaud. Tiens, le même journal sur la table. A peine ai-je l’intention de m’en saisir que le picador l’attrape pour raviver le feu de cheminée.
C’est une petite pièce, un grand banc de bois, vingt photos au mur. « Tout le reste a brûlé, il y a vingt ans » me dit Iñigo. Le repas avant les interviews est un délice « casero ». On boit dans des tasses en terre cuite, les chorizos et jambons ont leurs vrais goûts et aucun haricot, d’une généreuse potée, ne s’est sauvé. Sur la piste balayée par le blizzard, ils nous ont tous salué de la main en partant. Rafael, veuf depuis huit ans, est rentré dans sa petite maison. La ville, il n’en veut pas. On le comprend.
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