Par Fabrice Valéry. Rémi Fraisse est mort le 26 octobre dernier sur le site du barrage de Sivens dans le Tarn. Et depuis tout a changé. Qu'on le veuille ou non.
Un mois jour pour jour après la mort de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens, il faut faire une pause et regarder, objectivement, ces 30 jours qui viennent de s'écouler et qui, d'une certaine manière, ont changé le visage de la France.
Ils ont changé la France car personne ne pouvait imaginer il y a encore un mois qu'un jeune homme de 21 ans pourrait être tué par les forces de l'ordre simplement en manifestant son désaccord avec un projet de barrage.
Ils ont changé la France parce que, même si sa mort est involontaire, même s'il s'agit d'un "accident", en France, en 2014 un jeune homme a été tué par un gendarme mobile.
Ils ont changé la France parce que cette mort intervient sous un gouvernement de gauche et ce n'est pas négligeable.
Ils ont changé la France, car, sans doute le regrette-t-aujourd'hui, ils ont conduit le président du conseil général du Tarn, un socialiste, a déclaré seulement trois jours après la mort du jeune homme : "Mourir pour ses idées est relativement stupide et bête".
Ils ont changé la France, parce que le pouvoir n'a pas su gérer cette crise avec transparence. Même s'il n'y a pas eu volonté de cacher la vérité, les balbutiements et les ratés ont décrédibilisé les dirigeants.
Ils ont changé la France, parce que depuis cette tragédie, ce qui n'était qu'une embrouille départementale autour d'une petite retenue d'eau est devenue un enjeu national et même européen.
Ils ont changé la France parce qu'une partie de la jeunesse s'est reconnue dans ce jeune homme que son père décrit comme "non-violent mais engagé et déterminé".
Enfin, ces 30 jours ont changé la France parce qu'en si peu de temps, le nom de Rémi Fraisse est entré dans l'histoire, comme il y a 30 ans celui de Malik Oussekine. Ancré dans les mémoires, qu'on le veuille ou non.
F. Valéry