Un consortium chinois entre au capital de l'aéroport de Toulouse-Blagnac

Le gouvernement a choisi  finalement d'ouvrir le capital de l'aéroport de Toulouse à un consortium chinois, ce qui devrait lui rapporter plus de 300 millions d'euros. Symbiose va posséder 49.9% des parts de l'infrastructure. Le reste du capital reste aux mains des collectivités locales.

Depuis son lancement au mois de juillet, cette opération de cession d'une part de 49,9% du capital de l'aéroport (sur les 60% que détient actuellement l'Etat) a en effet suscité de nombreuses levées de boucliers d'élus et responsables politiques de la majorité, ardents promoteurs d'un candidat national. Vinci associé à la Caisse des Dépôts et Aéroports de Paris associé à Predica (groupe Crédit Agricole) figuraient parmi les principaux prétendants.  Mais fait rare, le gouvernement a fait le choix d'un investisseur étranger, jugeant que l'offre chinoise était la meilleure, non seulement en terme de prix mais également en terme social. Il offre du même coup un signal positif au-delà de l'Hexagone à la communauté financière internationale.

Le consortium retenu, baptisé Symbiose, "présente un projet de développement ambitieux pour l'aéroport de Toulouse-Blagnac, s'appuyant sur le dynamisme et l'attractivité de la région toulousaine" et "son offre table sur une augmentation de l'emploi liée à la progression du trafic de l'aéroport", assure ainsi Bercy dans un communiqué.


Dans un entretien à la Dépêche du Midi, le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, insiste également sur le fait "qu'il ne s'agit pas d'une privatisation mais bien d'une ouverture de capital dans laquelle les collectivités locales et l'État restent majoritaires avec 50,01% du capital". Bercy précise aussi n'avoir aucune intention de céder les 10,01% qui lui resteront une fois que la cession, d'un montant de 308 millions d'euros, sera finalisée.

Le reste du capital de l'aéroport, soit 40%, est et restera détenu par des actionnaires locaux : la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse (25%) ainsi que les collectivités locales (région, département et agglomération de Toulouse, avec 5% chacun).

Le consortium Symbiose compte pour sa pour sa part deux sociétés chinoises, Shandong Hi-Speed Group, acteur majeur de la gestion d'infrastructures de transport en Chine et de Friedmann Pacific Asset Management, une société de gestion d'actifs de Hong Kong. Il bénéficie en outre de l'appui opérationnel de l'entreprise canadienne SNC-Lavalin, spécialisée dans l'ingénierie et les infrastructures.

Juste après cette annonce, le président de la Région Midi-Pyrénées, Martin Malvy, fervent défenseur d'un acheteur français, a plaidé pour un pacte d'actionnaires pour s'assurer que l'aéroport reste bien dans la sphère publique.

Des "garanties" pour le maintien d'Airbus

Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (UMP) a lui souligné qu'il fallait poursuivre "l'action concertée et commune des actionnaires locaux" pour garantir notamment l'emploi, les investissements régionaux et des "garanties de long terme sur le foncier dédié à Airbus", installé à Toulouse et qui opère ses tests notamment depuis l'aéroport de Toulouse. Le consortium Symbiose prend "pleinement en compte les intérêts à long-terme du groupe Airbus", a assuré de son côté Bercy.

Le consortium chinois s'est de plus "montré ouvert à la possibilité de faire entrer des partenaires industriels à hauteur de 16% au capital de leur société", a indiqué M. Macron. "C'est une perspective intéressante qui n'est pas de notre ressort", a-t-il cependant ajouté.

"Les garanties ont été obtenues. C'est rassurant", a estimé M. Moudenc lors d'un point presse en mairie. "Je ne vois pas de vraies inquiétudes mais la
confiance n'empêche pas la vigilance
", a-t-il ajouté. 

Bernard Keller, le maire radical de gauche de Blagnac, a également refusé de baisser la garde. "Cette offre n'est pas, pour moi, la meilleure au regard de nos attentes économiques et sociales. Je note néanmoins avec satisfaction qu'il ne s'agira que d'une privatisation partielle, l'Etat s'engageant à présent
à préserver 10,01% des actions
". "J'attends à présent la traduction concrète de l'hypothèse avancée d'une cession de 16%, à un pool d'investisseurs régionaux par exemple", a-t-il dit dans un communiqué.

Le gouvernement argue en outre de son côté que non seulement il ne vend pas l'infrastructure (les murs, les pistes...), qui reste sa propriété, mais de plus il garde la main à la fois via les concessions qu'il accorde et en tant que régulateur du secteur. "L'État dispose ainsi de pouvoirs étendus pour contrôler l'activité de la société" et "devra par ailleurs approuver chaque année les tarifs des redevances d'aéroport", affirment ainsi les ministères de l'Économie et des Finances.

SNC-Lavalin, pas plus qu'ADP et Vinci n'ont pour leur part souhaité s'exprimer après cette annonce.

La finalisation de cette opération "ne pourra intervenir qu'à l'issue d'une procédure de consultation du comité d'entreprise de l'aéroport, et après autorisation des autorités compétentes en matière d'aviation civile", selon le communiqué. Elle devrait donc intervenir "d'ici la fin de l'année", a précisé le ministère de l'Économie.

En partie sous pavillon chinois, l'enjeu qui se dessine désormais pour l'aéroport de Toulouse-Blagnac est de réussir à attirer une part significative de la masse sans cesse grandissante des touristes chinois venant visiter la France. Les promesses de croissance du trafic de l'aéroport à 18 millions de passagers en 2030 contre 7,5 millions en 2013 pourraient en effet en faire le nouveau point d'entrée de la Chine en France face à des aéroports parisiens déjà sursaturés.


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