Deux associations pour la sauvegarde de l'ours dans les Pyrénées ont assigné l'Etat devant la justice administrative, afin de le pousser à réintroduire des plantigrades, en particulier des femelles dans l'ouest du massif.
Pays de l'Ours-Adet et Ferus attaquent en justice"Nous souhaitons que le tribunal administratif acte le manquement de l'Etat à ses devoirs" au regard des directives européennes sur la protection des espèces à valeur patrimoniale, a déclaré Alain Reynes, directeur de Pays de l'Ours-Adet, l'une de ces deux associations, avec Ferus, militant pour la réintroduction d'oursbruns dans la chaîne montagneuse.
Des recours ont été déposés jeudi devant les tribunaux administratifs de Toulouse et Marseille, sièges respectifs des deux associations, a-t-il précisé.
Au moins 6 femelles
Les deux associations plaident pour la "réintroduction urgente au minimum de quatre femelles dans les Pyrénées occidentales et de deux dans les Pyrénées centrales pour relancer la dynamique de sauvegarde de l'espèce", a expliqué M. Reynes.
Aujourd'hui, la survie est compromise
Depuis la mort de l'ourse Cannelle en 2004 en Béarn (Pyrénées-Atlantiques), seuls deux mâles subsistent dans ce département : Cannellito, né en 2004, et son père Néré. Une situation qui, selon les associations, "compromet la survie" de la population ursine dans cette zone occidentale.
Dans la partie centrale, les risques de "consanguinité" dus au nombre restreint de spécimens inquiètent aussi les représentants associatifs.
"Face à l'immobilisme du ministère de l'Ecologie, nous n'avons malheureusement pas d'autre choix que de saisir les tribunaux", déplorent les deux associations dans un communiqué, accusant les ministres en charge du dossier depuis 2010 et la fin du "Plan de restauration de la population d'ours"
de "s'ingénier à +jouer la montre+".
Ségolène Royal n'a plus les convictions nécessaires
En juillet 2014, la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal avait refusé le lâcher d'un nouvel ours dans les Hautes-Pyrénées, plaidant pour un "juste équilibre entre pastoralisme et la réintroduction d'espèces", suscitant l'ire des "pro-ours".
"Puisque la ministre de l'Ecologie n'a plus les convictions nécessaires pour protéger la biodiversité, nous avons décidé de l'y contraindre en demandant au tribunal administratif de reconnaître ce manquement fautif de l'Etat en regard des lois et directives européennes", précisent les deux associations qui réclament 50.000 euros chacune à titre de préjudice moral.