La préfecture de l’Ariège a autorisé début octobre la chasse de 10 lagopèdes alpins et 20 perdrix grises des montagnes. Saisi par l’association One Voice et le Comité écologique ariégeois, le tribunal administratif de Toulouse a suspendu ces arrêtés le 13 et 18 octobre. Comme d'habitude.
On prend les mêmes et on recommence. D'un côté, les associations de protection des animaux et des oiseaux. De l'autre, les chasseurs et un "prélèvement" réglementé pour certaines espèces d'oiseaux de montagne en voie de disparition.
Des arrêtés préfectoraux contestés en justice et annulés depuis 2009
C'est presque devenu un rituel. Alors que la perdrix grise des montagnes et le lagopède alpin (perdrix des neiges) sont protégés par la directive Oiseaux de l’Union Européenne, des arrêtés préfectoraux autorisent tout de même la chasse, mais contingentée : 10 lagopèdes alpins et 20 perdrix grises des montagnes par chasseur, entre le 3 et le 24 octobre.
Le 1er octobre, la préfète d'Ariège a pris un arrêté en ce sens. Comme d'habitude, des associations comme le Comité Écologique Ariège (CEA) et One Voice contestent le texte devant les tribunaux. Le 13 octobre, le CEA a obtenu en référé la suspension de l'arrêté. Et depuis 2009, tous les ans c'est la même chose. À se demander pourquoi les autorités continuent de prendre ce type d'arrêté.
On est toujours dans une zone de non-droit avec les chasseurs
Le politique toujours du côté des chasseurs ?
Avec la victoire du CEA en référé pour le lagopède alpin, l'association One Voice a maintenu son recours devant le Tribunal administratif de Toulouse pour la perdrix grise. Et a obtenu, le 18 octobre 2021, la suspension de l'arrêté autorisant la chasse de ces oiseaux. Lagopèdes alpins, perdrix grises, grands tétras et autres oiseaux de montagne auront donc gagné un peu de répit.
"C'est une petite victoire, mais c'est déjà une victoire pour la biodiversité", se félicite Me Vanina Saget-Ducousso, l'une des avocates de l'association One Voice. Même si la suspension de l'arrêté intervient après l'ouverture de la période de chasse à la perdrix grise, "chaque être vivant compte".
Victoire ! Et l'arrêté @Prefet09 autorisant le massacre des perdrix grises est... SUSPENDU ! La décision du tribunal a été rendu à la fin de l'audience. #LaChasseUnProblèmeMortel #LaFranceTueSesOiseaux pic.twitter.com/Mh4HHVV2dX
— One Voice (@onevoiceanimal) October 18, 2021
Mais selon nos confrères de La Gazette Ariégeoise, l'avocat des chasseurs a reconnu que 4 oiseaux ont déjà été tués. De quoi mettre en colère Muriel Arnal, présidente fondatrice de One Voice qui se bat pour protéger les animaux depuis 1995 : "Les chasseurs tiennent les politiques, mais pas les tribunaux. Mais malheureusement, malgré des décisions de justice favorables, certains passent outre. Les chasseurs n'ont pas bonne presse mais les politiques sont encore tenus par les chasseurs. Nous l'avons vu avec le confinement. Alors que tout le monte était reclus chez soi, les chasseurs ont été autorisés à sortir pour exercer leur loisir ! Ils n'ont que faire de ce qui se passe et ils ont encore l'oreille des politiques. "
Youhou ! https://t.co/fZRUV6pDc2
— France Nature Environnement (@FNEasso) October 13, 2021
En Haute-Savoie, le Tribunal administratif a également donné raison il y a quelques semaines aux association de protection des animaux. En effet, le "prélèvement" d'espèce pour la chasse n’est autorisé que si l’indice de reproduction de l'espèce est égal ou supérieur à 0,4 jeune par adulte, ce qui n'était pas le cas dans ce département. En Ariège, le taux serait de 0,36.
S'il concède qu'il faut "gérer au mieux les populations de lagopède et de grands tétras", Jean-Luc Fernandez soutient que "la perdix grise n'est pas menacée dans les Pyrénées". Le président de la Fédération de chasse d'Ariège ajoute : "Cette espèce profite du réchauffement climatique", car elle serait moins menacée par les hivers rigoureux. "Il y a donc de plus en plus d'oiseaux sur le terrain".
Les associations peuvent prétendre s'intéresser aux oiseaux, mais elles n'en ont jamais vu un de leur vie, à part en photo. Elles ne fournissent aucun travail sur le terrain et n'ont aucune compétence pour la préservation de ces oiseaux, contrairement aux chasseurs.
"Ce n'est pas la protection de l'oiseau que les associations veulent, mais l'interdiction pure et simple de la chasse en montagne", martèle-t-il.
Après l'action du CEA et une victoire sur la forme, les associations vont d'ailleurs demander à la justice de se prononcer sur le fond dans les prochains mois. "Les lagopèdes comme les perdrix grises et les autres oiseaux de montagne sont des espèces vulnérables, pas encore en voie de disparition, mais en danger. Pourquoi ne les laisse-t-on pas en paix?"
Muriel Arnal, One Voice et d'autres associations continueront donc de faire des journées d'action, de saisir les tribunaux... À moins qu'un jour les politiques délaissent la chasse aux voix auprès des chasseurs.