Alors qu’un rassemblement d’ampleur est organisé par les chasseurs, ce samedi, à Mont-de-Marsan, pour protester contre la décision du Conseil d’Etat de rendre plusieurs techniques de chasse illégales, le gouvernement envisage de les autoriser à nouveau. Une hypothèse qui crée la polémique.
Le Ministère de la Transition écologique l’a annoncé le mercredi 15 septembre, de nouveaux arrêtés ont été mis en consultation pour autoriser de nouveau la chasse traditionnelle des oiseaux.
Le 6 août dernier, le Conseil d’Etat avait rendu illégales plusieurs techniques de chasse aux oiseaux dont celle de l’alouette à la pante ou à la matole. Des pratiques très répandues dans les Landes, en Gironde, le Lot-et Garonne et les Pyrénées-Atlantiques.
Jusqu’alors autorisées, la plus haute juridiction administrative de France a jugé que « ces autorisations ne sont pas conformes aux exigences du droit européen relatif à la protection des oiseaux ».
Une directive européenne de 2009, interdit en effet, les techniques de capture massive d’oiseaux sans distinction d’espèces.
⚖️ Le Conseil d’État juge que plusieurs techniques de chasse traditionnelles des oiseaux sont illégales
— Conseil d'État (@Conseil_Etat) August 6, 2021
? Pantes, tenderies, matoles ne sont plus autorisées pour chasser :
- vanneaux huppés
- pluviers dorés
- alouettes des champs
- grives
- merles noirshttps://t.co/1qDSMzbsGI pic.twitter.com/Os27glwUpm
Mais des dérogations sont possibles, notamment " s’ il n’existe pas d’autre solution satisfaisante ". Si les arrêtés précédents « ne permettaient pas au Conseil d’Etat de considérer que le ministère avait apporté les motivations nécessaires sur l’absence de solution alternative », le Ministère l’assure, ces éléments sont précisés dans les nouveaux arrêtés.
La mobilisation des chasseurs continue
Une nouvelle qui intervient trois jours avant de nombreux rassemblements organisés par les chasseurs partout en France. À Mont-de-Marsan, dans les Landes, ce samedi 18 septembre, la Fédération des chasseurs landais, soutenue par le Département, appelle tout le monde rural de Nouvelle-Aquitaine et de la région voisine, l'Occitanie, à se réunir au nom des traditions. Elle compte bien remplir les arènes et espère voir défiler jusqu'à 10.000 personnes.
La Fédération des chasseurs des Landes n'est pas surprise par cette décision. Depuis l'annonce de l'interdiction, de nombreux chasseurs, soutenus par les élus locaux, se sont mobilisés.
Si elle salue cette nouvelle rédaction, son directeur Régis Hargues, le rappelle "cette consultation n'est qu'une première étape, ce n'est que le premier pas pour retrouver la chasse traditionnelle dans nos campagnes."
Il n'est pas question de mollir ou de nous refroidir.
Pour les chasseurs, ce n'est donc pas cette nouvelle consultation qui les arrêtera, comme l'explique Régis Hargues, "nous voulons montrer que nous resterons extrêmement mobilisés pour protéger notre mode de vie."
"Incroyable mais vrai" pour la Ligue de Protection des Oiseaux
Une décision qui ne fait pas l'unanimité. La Ligue de Protection des Oiseaux juge ces pratiques de chasse traditionnelle "cruelles et archaïques". Dans un communiqué, elle accuse le gouvernement de céder à la pression des chasseurs "l'unique objectif est de satisfaire les lobbies cynégétiques à l'approche de l'élection présidentielle".
?En sacrifiant 113530 oiseaux au nom de "traditions" cruelles jugées illégales par le @Conseil_Etat, @EmmanuelMacron marchande la biodiversité pour satisfaire les chasseurs qui vont manifester samedi et font les yeux doux à @xavierbertrand ?
— LPO France (@LPOFrance) September 15, 2021
NOTRE CP ➡️ https://t.co/d8MxJQRq3U pic.twitter.com/2CPEobra3m
"Je suis scandalisé par le cynisme et le clientélisme du Président la République" confie le Président de la Ligue, Allain Bourgain Dubourg. "C'est d'autant plus consternant qu'il ne s'agit que d'une activité de loisir" s'insurge -t-il.
Chasser hors du cadre légal, c'est braconner.
Rappelant que les effectifs reproducteurs d'alouettes en France ont chuté de 35 % en 15 ans, la LPO prévient. Si ces nouveaux arrêtés sont signés, elle "demandera la suspension immédiate devant le Conseil d'Etat."
Les nouveaux arrêtés sont consultables jusqu'au 6 octobre. Il faudra donc attendre jusqu'à cette date pour savoir si les chasses tradtionnelles d'oiseaux seront de nouveau autorisées ou si elles demeureront interdites.