L'armistice de la Première Guerre mondiale est signé depuis le 11 novembre 1918. Pourtant, 104 ans après, le village d’Aigues-Vives, dans le département de l'Ariège, va inaugurer son monument aux morts. Un récit où se mêle la grande et la petite histoire
La pierre plate, composée de calcaire et de poudingue, a pris place, au cœur du village, d'Aigues-Vives (Ariège), près de la mairie. Une plaque en plexiglas, sur laquelle ont été gravés 14 noms, y a été rajoutée. Car 104 ans après la fin de la Première Guerre mondiale, la commune du pays d'Olmes, va pour la première fois de son histoire, vendredi 11 novembre 2022, rendre hommage, devant un monument aux morts, à ses enfants disparus sur le champ de bataille.
L'histoire tragique de deux enfants du village
Jean-Luc Tardy, le maire d’Aigues-Vives, en avait fait une promesse de campagne, avant son élection en mai 2020 : rattraper cet oubli. "J’estimais que c’était une anomalie, explique l'élu. Une simple plaque dans la paroisse de la commune était présente mais elle était en plus incomplète."
Un monument a pourtant bien été commandé à l'époque, mais l'idée semble avoir été abandonnée, sans explications. Le monument a finalement pris place dans le courant du mois d'octobre 2022.
Cette commémoration du 11 novembre 2022 prend d'autant plus de valeur que le nom des frères Adreit appartient à la liste des 14 soldats tués. "Lors d’une visite chez un administré qui m’a montré son terrain, une carrière, il m’a expliqué que dans le temps, les gens d’Aigues-Vives prélevaient des pierres dans la carrière pour pouvoir construire les étables, les maisons, raconte Jean-Luc Tardy. Deux frères justement, avant la Première Guerre mondiale, avaient entrepris de construire une habitation pour l’un des deux qui venait de se marier." Envoyés sur le front, ils ne reviendront jamais. L'une des roches, qu'ils avaient extraite, servait de table au nouveau propriétaire du terrain. "J’ai vu cette pierre, continue Monsieur le maire. Elle correspondait à ce qu’il fallait pour réaliser une stèle. Cette pierre a une âme. Ils ont travaillé dur pour la sortir. L’ériger sur la place du village c’est leur rendre hommage." Cette pierre est donc celle utilisée pour le tout nouveau monument aux morts. Elle symbolise à elle seule le sacrifice de ce village de 700 habitants à la Grande Guerre. Un sacrifice désormais qui ne sera plus oublié.
Article rédigé avec Geoffrey Berg et Pascal Dussol