Injure, violence et insécurité, sur le terrain, les arbitres de football sont en première ligne. À Laroque-d'Olmes en Ariège, certains matchs vont désormais être filmés par une caméra embarquée. Le but, protéger les arbitres, mais aussi les joueurs et le public.
Sans arbitres, pas de match. Pourtant, ils sont les premiers à subir l'agressivité et la violence verbale sur le terrain. Ils sont aussi plus souvent victimes d'agressions racistes ou discriminatoires.
Pour les protéger, le District de l'Ariège de la Fédération française de football (FFF), a décidé d'équiper les arbitres centraux d'une caméra embarquée. Une façon de dissuader les actes malveillants, mais aussi de fournir des preuves en cas de dérapages.
Filmer pour mieux protéger
Les caméras ont été inaugurées par le club, dimanche 8 décembre, lors de la rencontre entre Pamiers et Laroque. Le dispositif a coûté 6 000 euros, financé entièrement par Adista, l'un des prestataires du petit club ariégeois.
Le principe est simple, l'arbitre centrale porte par-dessus son maillot un harnais qui maintient une petite caméra au niveau de sa poitrine. À l'image, s'ajoute également le son qui permet d'identifier d'éventuelles insultes et altercations.
"On réfléchit à ce dispositif depuis 2018, explique Karim Toureche, président des arbitres du District Ariège football, il y avait eu des agressions sur les officiels".
Pour lui, il n'est pas question de filmer tous les matchs, mais de cibler certaines rencontres en se basant sur les signalements effectués par les clubs lors des saisons précédentes.
"On se sent plus en sécurité"
Enregistrer ce qui se passe sur le terrain, c'est surtout une manière de dissuader les actions et les propos violents. "Les joueurs viennent nous voir et parlent calmement. Ce n'est pas comme avant sans caméra où on peut avoir des mots ou des comportements", remarque Owen Garcette, arbitre en première division et porteur de la caméra.
" Moi, je vois sur mon côté, il y a moins de hurlements et d'injures envers nous", estime Moussa Akhamal, lui aussi arbitre. Il ajoute, "on se sent plus en sécurité. Pour moi, c'est le futur".
Si un incident survient durant le match, il est signalé par le club. Les images tournées par la caméra embarquée sont ensuite envoyées et analysées par une commission de discipline.
Les violences à l'encontre des arbitres peuvent être punies d’une peine de 5 ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende. Pour rappel, l'arbitre est considéré comme un agent de l'ordre public. "C'est comme si vous agressiez un gendarme ou un policier dans le cadre de ses fonctions", souligne Gérard Gonzalez, président du District Ariège football.
Foot, violence et caméras
Au cours de la saison sportive 2018/2019, l'Observatoire des comportements de la FFF a recensé 12 369 matchs comportant au moins un incident. D'après le rapport, la nature des violences diffère selon le profil de la victime. Les arbitres sont les principales cibles des attaques verbales, mais les joueurs sont, eux aussi, très concernés. Ils sont les premières victimes en termes d’agressions physiques.
Équiper les arbitres de caméras, c'est aussi une manière de protéger les joueurs et le public. Si la vidéo dissuade les agressions, elle permet également de documenter d'éventuel dérapage et d'apporter des preuves devant les commissions disciplinaires.
"Ce dispositif à vocation a sécurisé l’ensemble des acteurs du football", assure, Gérard Gonzalez, les officiels, les dirigeants, mais aussi les joueurs". Pour lui, la présence de caméras permet de pacifier les comportements, sur le terrain, mais aussi dans les gradins.