En Ariège, un collectif s'attaque au mal-être dans l’éducation nationale. Entraiduc 09, regroupe des enseignants, des AESH ou encore des surveillants. Tous ont connu ou connaissent encore une souffrance au travail. En burn-out, ils sont actuellement soit en arrêt maladie, soit en activité. Des ateliers et des groupes de parole leur viennent en aide. Témoignages.
Comment venir en aide au personnel de l'éducation qui souffre au travail ? Et qui pour certains sont en burn-out. En Ariège, un collectif a décidé de se prendre en charge, faute de réponses adéquates au sein de l'Éducation nationale.
À Pamiers, enseignants, AESH (Accompagnants d'élèves en situation de handicap) ou encore des surveillants ont créé un collectif : Entraiduc 09.
Ce collectif propose des ateliers de relaxation. Mais aussi des échanges grâce à un groupe de parole qui réunit des personnels de l’éducation nationale en burn-out. Les témoignages sont édifiants. Cet assistant d’éducation - qui comme ses collègues a préféré garder l'anonymat - est en arrêt maladie depuis huit mois. "Je suis parti au travail, j'étais heureux, épanoui. Et je suis rentré et je me suis écroulé. Pendant deux mois, j'ai pleuré" explique-t-il.
Comme d'autres, il s'est senti démuni et abandonné. "On est dans une société violente, la violence entre dans l’école. Cela ne devrait pas exister. On devrait avoir un soutien de l'éducation nationale" regrette-t-il.
Surcharge de travail, conditions dégradées… Pour certains, la solution pour s’en sortir aura été de quitter l’éducation nationale. Comme Virginie, personnel technique, en charge également d'enseignement supérieur, dans une école d'ingénieur. Elle a quitté l'éducation nationale il y a 10 ans.
"Je n'y arrivais plus et je n'arrive pas vraiment à m'expliquer pourquoi. J'arrivais au travail, je pleurais. Il y a tout qui s’effondre : on passe de l’épuisement professionnel à tout remettre en question. Il n'y plus rien qui a du sens dans la vie et on remet tout en cause. Résultat : divorce, disponibilité, difficulté avec les enfants… Aujourd'hui, je vais beaucoup mieux. Mais la seule solution était d'en sortir…", explique-t-elle. "Encore maintenant, si je retourne sur mon ancien lieu de travail, je vais me sentir oppressée."
L'isolement des enseignants
Beaucoup d'enseignants ressentent un sentiment d'isolement et ont du mal à partager leurs souffrances avec leurs collègues. Ce constat est difficile à accepter pour Claire, 35 ans, qui avait toujours rêvé de devenir professeur des écoles. "Ce n’est pas toujours évident entre collègues d’échanger sur nos difficultés. Moi, j'ai pu sentir parfois de la moquerie, on a pu me dire : « ras le bol, j’ai assez de mes problèmes »" explique cette enseignante. "J’ai douté de ma place dans ce métier, je me suis complètement dévalorisée."
Comme d'autres, elle est soulagée d'avoir trouvé un lieu d'écoute. "Ici, dans ce collectif, on est au moins dans un espace où tout le monde est là pour ça et bienveillant. Le collectif, c'est hyper important dans ce métier car on peut être très seul" souligne Claire.
Lui-même en arrêt maladie depuis deux ans et demi, Mickaël Trovalet est à l’origine de ce collectif. Il enseigne dans le premier degré depuis 2000. "On se rend compte que c’est compliqué, car on s’est effondré, mais on ne sait pas qui aller voir." regrette-t-il. "Pourtant il y a des personnels dans l’Éducation nationale qui peuvent être un appui : assistante sociale des personnels, DRH proximité. Il faut savoir qu'au rectorat, il y a un médecin prévention mais aussi une psychologue du travail. Il y a des personnes qui peuvent aider".
Le collectif donne donc une alternative à ce dispositif d'aide pour le personnel de l'éducation nationale en souffrance. Depuis sa création en avril 2024, il a déjà accompagné une quarantaine de personnes au travers de réunions mensuelles.