Législative partielle en Ariège: la gauche tiraillée entre LFI et PS, le RN à l'affût

Nouveau coup de canif dans l'union de la gauche: lors d'une législative partielle en Ariège, la députée Nupes/LFI sortante est opposée dimanche à une socialiste dissidente, sur fond de montée du RN dans ce territoire rural et montagneux.

Officiellement, le PS a adoubé l'Insoumise Bénédicte Taurine, qui avait remporté l'élection en 2017, à la surprise générale dans ce fief socialiste. Mais les cadres PS du cru, notamment la présidente de la région Occitanie Carole Delga, soutiennent la candidature de Martine Froger, une militante âgée de 61 ans.

On a le sentiment que c'est Carole Delga contre Jean-Luc Mélenchon, que ce qui se joue, c'est le leadership de la gauche. Une social-démocratie classique, le PS, face à une certaine radicalité, LFI

Jean-Michel Ducomte - maître de conférence à Sciences-Po Toulouse

Une circonscription très médiatisée

L'élection dans cette circonscription pyrénéenne, agitée par le débat entre pro et anti-ours, passe généralement inaperçue. Mais cette année, elle a vu défiler des personnalités. D'abord l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, soutien de Mme Froger, a été chahuté sur un marché par des militants d'extrême gauche. 
Puis Jean-Luc Mélenchon, qui a siégé à l'Assemblée nationale avec Bénédicte Taurine, a lui aussi fait le déplacement.

Avant de renoncer pour cause de mobilisation contre la réforme des retraites, Marine Le Pen devait également venir soutenir le candidat du Rassemblement national (RN), Jean-Marc Garnier. En 2022, il aurait atteint le second tour sans une faille dans la distribution des bulletins de vote, qui a entraîné l'annulation du scrutin.

Bénédicte Taurine favorite


"La configuration est différente de mai 2022", considère le politologue, les candidats LFI, Renaissance, RN, n'étant plus portés par un élan national.
L'an dernier, l'Insoumise avait totalisé 33% des voix au premier tour, devant la Marcheuse Anne-Sophie Tribout (19,96%) ainsi que les candidats RN (19,94%) et PS (18,07%), avant de l'emporter nettement au second avec 55,31% des suffrages.

La députée LFI sortante reste favorite. Si elle est opposée au second tour à un adversaire RN ou Renaissance, "elle peut engranger les bénéfices du mouvement social", note Jean-Michel Ducomte. 
En revanche, si la socialiste Martine Froger atteint le second tour, elle pourrait être le "réceptacle de l'ensemble des adversaires de LFI", estime-t-il.

Depuis le début de la campagne, les deux candidates de gauche s'affrontent à distance.

En Occitanie et en Ariège, le PS n'est pas pro-Nupes. C'est tendu, l'entourage de Mme Froger est virulent à mon égard.

Bénédicte Taurne - députée sortante Nupes / LFI

Agée de 46 ans, ancienne professeure de SVT, Mme Taurine est détestée par les socialistes locaux pour avoir contribué à mettre fin à "des décennies d'hégémonie" lorsqu'en 2017 les deux sièges du département ont été remportés par la France insoumise.

Pas de menace RN   

Dans ce territoire sinistré économiquement et parsemé de déserts médicaux, relève-t-elle, "il y a un rejet du PS, les gens sont à bout et ne se sentent pas écoutés". 
"Elle a été élue en 2017, et plus personne ne l'a vue dans nos territoires", fustige Martine Froger, directrice d'une entreprise d'insertion de 100 salariés, qui dit s'être portée candidate "car le RN ne représente pas une menace dans cette circonscription".

Jean-Marc Garnier, 62 ans, ancien cadre de Vinci à la retraite, ne relève pas.

On voit où le PS nous a conduits... Ils sont forts pour faire des promesses, pas pour les tenir.

Jean-Marc Garnier - candidat RN

Pour le vice-président de ce parti, Louis Aliot, natif de l'Ariège et très investi au côté de M. Garnier, son candidat "connaît bien son terrain (...) il a créé son réseau dans cette terre socialiste depuis un siècle, c'est une circonscription prenable". "L'Aude (voisine) a basculé, les Pyrénées-Orientales aussi. Si on est au second tour contre la Nupes, on est en mesure de gagner", assure-t-il. 

Pour Anne-Sophie Tribout, "le risque majeur, c'est un duel des extrêmes LFI-RN au second tour. Le vote social-démocrate se divise entre Renaissance et le PS", estime la candidate de la majorité gouvernementale et conseillère municipale de Foix, dont les chances semblent plombées par l'impopularité de la réforme des retraites.

Nicolas Albrand avec AFP

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