Après l'attaque d'un chasseur par un ours en Ariège, samedi 20 novembre dans l'après-midi, la colère gronde chez les éleveurs, les bergers, les chasseurs et de nombreux élus. "Nous alertons depuis longtemps" assène la présidente du conseil départemental, Christine Téqui. L'association Pays de l'Ours appelle de son côté à la suspension des battues dans le secteur de l'accident.
La colère gronde en Ariège après l'accident intervenu samedi 20 novembre, dans l'après-midi. L'attaque d'un ours blessant grièvement un chasseur, sur les hauteurs de Seix, dans le Couserans, provoque une vive émotion chez Christine Téqui, présidente du conseil départemental : "Cet accident est dramatique', martèle l'élue socialiste. Nous n'avons cessé d'alerter l'Etat sur les dangers de cette présence de l'ours. Sans succès. Vue de Paris, cette réintroduction est simple. Mais c'est une vision romantique et illusoire."
L'Etat alerté depuis plusieurs mois
Christine Téqui est d'autant plus affectée que cet événement a eu lieu sur des terres qu'elle connaît bien. Celles de la commune de Seix dont elle fut la maire. "Ces ours ont été réintroduits sans concertation et désormais, nous faisons face à une reproduction galopante. L'ours ne cohabite avec aucune activité. Nous n'avons pas été pris au sérieux ni entendus. Est ce qu'à un moment l'Etat va prendre ses responsabilités ?" interroge-t-elle alors que la préfecture de l'Ariège communique à minima sur le sujet.
Des "ours présents partout"
Pour le président de la fédération de chasse de l'Ariège, le "plus important" est l'état de santé de l'homme de 70 ans blessé gravement, qui doit sa survie au fait "d'avoir une arme entre les mains." Jean-Luc Fernandez, n'y va pas par quatre chemins : "La Montagne des Pyrénées est devenue dangereuse, assure-t-il. Là, c'est un chasseur qui a été attaqué, mais cela pourrait être un randonneur ou un cueilleur de champignons. Un jour, les ours sont à un endroit. Le lendemain dans un autre lieu. Ils sont en haute, mais aussi en moyenne montagne. Les ours sont présents partout !"
Un avis partagé par Jean-Pierre Mirouze, de l'Association pour la sauvegarde du patrimoine d'Ariège-Pyrénées. Même s'il rechigne à réagir, l'éleveur et maire de Saint-Bauzeil estime lui le nombre d'ours dans le Pyrénées bien supérieur à celui des 64 officiellement recensés. "Ils sont tous concentrés au cœur des Pyrénées, dans l'Ariège, dans l'ouest du département. Cela devient impossible d'avoir la moindre activité. Nous ne sommes pas contre la réintroduction de l'ours, mais le pays n'est plus conçu pour permettre cette cohabitation."
Un petit risque dans les Pyrénées
"Tout ceci est caricatural, déplore Alain Reynes, directeur de l'association Pays de l’Ours. Ce sont des opposants à l'ours et ils se comportent comme tels. Avec cet accident, l'ours va se retrouver à nouveau sur le banc des accusés. Tout ceci n'est pas raisonnable."
Dans un communiqué, Pays de l'ours - Adet rappelle que "c’est la première fois depuis 25 ans qu’un ours blesse un homme dans les Pyrénées et nous souhaitons qu’il puisse se rétablir rapidement et complètement. Une ourse ne mord pas un homme sans raison. La seule explication possible est qu’elle ait senti ses oursons menacés. Pourquoi, comment, c’est impossible à dire sans connaître le déroulement exact des faits. L’enquête, que nous souhaitons rapide et complète, devra établir les circonstances précises ayant mené à la blessure du chasseur et à la mort de l’ourse."
Le directeur de l'association souligne au passage que dans d'autres pays d'Europe "les ours sont bien plus nombreux et la cohabitation se passe bien. Dire "c'est soit l'Homme, soit l'ours" c'est totalement stérile. Nous avons l'obligation de trouver une solution pour savoir comment vivre ensemble. L'ours dans les Pyrénées est un petit risque."
Avec la mort de cette ourse femelle lors de cet accident, Pays de l'ours appelle à la suspension des battues dans le secteur et "les chasseurs de la vallée à la plus grande vigilance envers ces oursons inoffensifs et encore fragiles".