Alors qu'on commémore les 80 ans de la Libération en France, des villages se souviennent des souffrances endurées, avec la présence des soldats allemands. En Ariège, Rimont a connu un véritable massacre. Le village entier a été incendié et des civils innocents fusillés.
Retour sur une tragédie qui a coûté la vie à de nombreux civils au moment de la débâcle allemande à la fin de la seconde guerre mondiale : le martyr du village de Rimont en Ariège, incendié le 21 août 1944 par les Allemands.
"C'était une vengeance"
"Déjà des maisons brûlent", peut-on lire dans les archives municipales. "Des soldats enfoncent des portes. Ils lancent des bombes incendiaires à l'intérieur. Ils sont très nombreux plus de 100. Ils vont très vite sans ménagement, ils pillent, saccagent tout et ressortent des maisons, l'un avec un jambon, l'autre avec du vin ou un pot de graisse."
La lecture de ces mots par l'adjoint au maire de Rimont fait froid dans le dos, 80 ans après. Le 21 août 44, ce petit village ariégeois subit la terreur des Allemands. Rimont, comme Oradour-sur-Glane et tant d'autres, devient un village martyr, symbole de la violence de la fin de fin de la seconde guerre mondiale.
11 civils perdent la vie
"C'était une vengeance", raconte Gerard Lavigne, l'adjoint au maire de Rimont. "Ils n'avaient pas aimé être attaqués, alors il y a eu des représailles". Une vengeance sanglante, après que des maquisards de la région ont attaqué une colonne ennemie. Comme à Oradour-sur-Glane, la fureur des Allemands va laisser de lourdes traces dans le village. Ce 21 août, 11 civils perdent la vie et 236 bâtiments sont incendiés.
À la fin de la journée, Rimont est réduit en cendres. Une véritable tragédie. "Ça avait commencé à 9h du matin", explique le maire, Frédéric Bonnet. "Ils faisaient sortir les gens des maisons et mettaient le feu. Le seul bâtiment qui a échappé aux flammes, c'est l'église. Elle seule a été préservée". Un souvenir douloureux pour les témoins de cette époque, encore vivants.
Des souvenirs douloureux
Ce jour-là, Gisèle Desplas a 9 ans. Avec sa mère, elle réussit à s'enfuir. 80 ans plus tard, ses souvenirs sont intacts : "Dans la nuit, je me souviens toujours de ce ciel qui était rouge", témoigne Gisèle. "Et on disait c'est Rimont qui brûle."
"La vision du village détruit et de ma maison, qui n'était plus qu'un trou, ça m'émeut encore aujourd'hui", poursuit-elle. "Il ne restait plus que la crémaillère, qui servait à confectionner la soupe dans la cheminée, puisqu'à l'époque on cuisait au feu. Il n'y avait plus que ça."
Après ce drame, il faudra ensuite 6 ans au village pour se reconstruire. Aujourd’hui, des photographies dans la ville retracent ce triste événement.
Article écrit en collaboration avec Camille Thomaso.