Le sculpteur Jacques Tissinier, figure de l'art contemporain connue pour ses crayons géants et ses créations en milieu urbain, a eu la surprise d'apprendre que l'une d'elles, la fontaine de Pamiers (Ariège), était détruite à la pelle mécanique cette semaine.
L'oeuvre devenait dangereuseAppréciée, décriée ou simplement acceptée, la "Tissignalisation N°9" faisait partie du décor de Pamiers.
Ce cône monumental recouvert de marbre pyrénéen, coupé en deux dans sa hauteur et en trois dans sa largeur sur une base d'une quinzaine de mètres de diamètre devenait dangereux, a jugé la municipalité d'André Trigano, nom historique de l'industrie touristique.
La fontaine n'était plus vraiment ce qu'elle avait été à son inauguration à la fin des années 80. La plomberie avait lâché et l'eau n'y coulait plus depuis des
années. Les services municipaux ont tâché de la fleurir. Elle est devenue une piste pour les skaters ou un site d'escalade. Des plaques de marbre se détachaient, et le maire assure à l'AFP qu'il n'avait plus le choix: "On risquait un accident grave".
Jacques Tissinier choqué
Jacques Tissinier, choqué, invoque la destruction des Bouddhas de Bamiyan par les talibans afghans en 2001 et réclame une forme de dédommagement. La destruction de la "Tissignalisation N°9" est aussi emblématique selon lui du triste sort réservé à l'art en milieu urbain.
L'artiste, 77 ans, s'indigne de n'avoir rien eu à dire sur la démolition, qu'il a apprise une fois commencée. Il accuse la municipalité d'avoir laissé son
oeuvre se dégrader pour pouvoir la raser et faire plus de place au commerce. A
défaut de l'entretenir, elle aurait pu se contenter de la démonter, dit-il.
Vidéo : le reportage de Cécile Freschinos et Pascal Dussol.