Plus de 2000 personnes manifestent à Foix contre les grands prédateurs

Plus de 2 000 éleveurs, agriculteurs et chasseurs ont manifesté ce samedi dans les rues de Foix en Ariège pour dire non aux ours, aux loups et aux vautours et défendre une certaine idée de la ruralité.

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Ils refusent de voir "ensauvager" le territoire, disent-ils. Plus de 2 000 manifestants ont investi ce samedi les rues de Foix pour protester contre l'expansion des grands prédateurs (ours, loups, vautours). Agriculteurs, éleveurs et chasseurs ont répondu à l'appel de nombreuses organisations : Ariège Ruralité, la chambre d'agriculture, la FDSEA, la Confédération Paysanne, la Fédération des Chasseurs de l'Ariège, l'Association pour le Développement Durable de l'Identité des Pyrénées (ADDIP), l'association des piégeurs ou encore le syndicat des propriétaires forestiers... Précédée et conclue par des opérations escargot aux abords de Foix, la manifestation a réuni 2.500 personnes selon la police, 4.000 selon les organisateurs et s'est déroulée dans le calme.

"Touche pas à ma montagne"

"Stop au massacre", "Touche pas à ma montagne", "Loups, vautours, ours: stop". Lles banderoles déployées entendaient alerter les pouvoirs publics sur le "ras-le-bol" des éleveurs, agriculteurs et chasseurs. Pour Jean-Luc Fernandez, président des chasseurs de l'Ariège, "c'est l'exaspération du monde rural aujourd'hui. Demain, ce sera la révolte".

Carcasses de brebis et fumier déversé​

Le cortège, également composé d'une centaine de tracteurs et parsemé de brebis, chevaux et taureau, s'est massé devant la préfecture de l'Ariège, où des carcasses de brebis et du fumier ont été déversés. Les manifestants ariégeois y ont critiqué pèle-mêle "l'expansion incontrôlée du loup", dont la présence est avérée dans l'Aude voisine, la réintroduction "à l'étude" d'une dizaine d'ours supplémentaires dans le massif pyrénéen et la prolifération
du vautour fauve.
Concernant le loup, dont la population est désormais de 300 individus en France, la ministre de l'Écologie Ségolène Royal a jugé samedi "trop" nombreuses les attaques de troupeaux attribuées aux loups. La ministre a annoncé son intention de "mieux protéger les éleveurs" en facilitant les tirs contre ces animaux protégés. Quant au vautour fauve, considéré par ses défenseurs comme un excellent rempart contre les épidémies, c'est lui qui a récemment exacerbé les tensions dans le massif pyrénéen.

Le vautour fauve, cible des éleveurs ariégeois

Les éleveurs ariégeois dénoncent depuis quelques semaines les attaques de cette espèce protégée d'oiseau charognard contre du bétail vivant et en bonne santé. Alors que les charognards se nourrissent de cadavres d'animaux, voire d'animaux en état de faiblesse, le vautour a "changé ses pratiques alimentaires", disent-ils, et s'attaque désormais "à des animaux vivants". "Ça force les éleveurs à une surveillance constante de leurs troupeaux qu'ils
ne peuvent pas assurer en pratique
", selon François Toulis, président de la chambre d'agriculture de l'Ariège. Il plaide pour une autorisation d'abattre des vautours menaçant un troupeau, citant l'exemple des 6.000 sangliers tués chaque année par les chasseurs en Ariège dans le cadre de la régulation de l'espèce.

Un dialogue de sourds

Les associations de défense de l'ours et du loup contestent que le vautour soit devenu un prédateur. Elles ont été confortées dans leur opinion par le responsable d'une mission gouvernementale venue le 19 juin en Ariège à la rencontre des éleveurs. Éric Fouquet, inspecteur général de santé publique vétérinaire, avait alors rappelé les "positions scientifiques communément admises": "Le vautour fauve n'attaque les bêtes vivantes que si elles sont en situation de faiblesse", c'est-à-dire malades ou en train de mettre bas. Plus généralement, les associations de défense des grands carnivores jugent "anachronique" la manifestation de "ceux qui se disent défenseurs de la ruralité". 
"Il n'y a pas d'ensauvagement des Pyrénées" dit Alain Reynes, le président de l'association Adet-Pays de l'ours, "le seul ensauvagement qu'on puisse repérer c'est celui de la déprise agricole depuis quelques dizaines d'années et le retour de la forêt dû à la mécanisation et au déclin du nombre d'exploitations et de la main d'oeuvre sur les exploitations" .. 
Le dialogue de sourds entre les deux parties n'est pas nouveau et toujours aussi tranché. Plusieurs pancartes du cortège de samedi invitaient ainsi les autorités à ne pas "rallumer la Guerre des Demoiselles", en référence à une rébellion paysanne qui avait secoué l'Ariège vers 1830 à la suite d'une modification du code forestier.

Le reportage à Foix de Mathilde Laban et Christian Bestard :

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