30 ans de réclusion criminelle sont requis. La cour d'assises des mineurs de Haute-Loire rendra son verdict ce vendredi à l'encontre de Matthieu, 19 ans, accusé d'avoir violé et tué fin 2011 Agnès Marin, 13 ans, au terme d'un procès tendu qui s'est déroulé dans sa majeure partie à huis clos.
30 ans requis contre Matthieu pour le viol et le meurtre d'Agnès Marin.
La partie des réquisitions concernant la personnalité de l'accusé et la peine demandée, prévue en milieu de matinée, sera néanmoins publique, a annoncé la cour vendredi matin.
L'avocate de la première victime de Matthieu, Julie, violée en août 2010 dans le Gard, a en effet autorisé la publicité partielle des débats. C'est elle qui avait exigé le huis clos total en début de procès pour protéger sa cliente.
Me Francis Szpiner, conseil de la famille d'Agnès, a demandé jeudi à la cour qu'elle "ne donne pas une deuxième chance" au jeune homme, après un premier viol sur une autre mineure en août 2010 dans le Gard.
Pour lui comme pour les parents et les grands-parents de la jeune fille, le jeune homme qui se tient depuis le 18 juin dans le box des accusés doit être mis hors d'état de pouvoir commettre un nouveau crime.
Durant tout le procès, la personnalité de l'accusé aura été au centre des débats.
Qui est Matthieu ? Est-ce le garçon jugé non dangereux par un psychiatre montpelliérain après le viol, sous la menace d'un couteau, d'une amie alors âgée de 16 ans ?
Dangerosité majeure
Sur la foi notamment de cette expertise, après quatre mois de détention provisoire, il avait été jugé apte à devenir interne au collège-lycée Cévenol au Chambon-sur-Lignon, où il a rencontré Agnès.
Ou est-ce un adolescent bien plus inquiétant qui a su s'engouffrer dans toutes les failles du suivi judiciaire, psychiatrique et psychologique dont il faisait l'objet, mises en évidence lors du procès?
Un rapport de deux médecins psychiatres, rendu en octobre 2012, et dont un des auteurs a été entendu mercredi, évoque ainsi chez le jeune homme "une jouissance de destructivité" et des motivations "plus perverses que sexuelles".
Il met en avant "une dangerosité majeure", le jeune homme "se projetant dans un avenir de récidiviste (...) reflet de son mode de fonctionnement pervers".
L'avocat de la famille d'Agnès s'est évidemment engouffré dans la brèche, s'attachant à décrire un être "pleinement responsable de ses actes". Des actes, a-t-il dit, "prémédités, pensés, accomplis avec méthode et sang-froid, sans aucune forme d'impulsion".
Me Valérie Devèze-Fabre, l'avocate de Julie, la première victime de Matthieu, a aussi fait "ressortir la froideur" dans les actes du jeune homme. "Tout ce qu'il a fait contre Julie était voulu, calculé, organisé", a-t-elle déclaré à l'issue de sa plaidoirie jeudi.
Excuse de minorité ?
Aussi les parties civiles espèrent-elles que la probable peine de Matthieu, qui reconnaît l'ensemble des crimes, ne sera pas atténuée par sa qualité de mineur au moment des faits.
La mère d'Agnès, Paola Marin, a souhaité jeudi que la cour inflige à l'accusé "la peine maximale et qu'il n'ait pas l'excuse de minorité", qui limiterait la sanction encourue à 20 ans de réclusion au lieu de la perpétuité.
Elle a espéré "qu'il ne puisse pas sortir de prison dans 10 ans et qu'il y ait une troisième victime". Le jeune homme pourrait en effet, si la cour en décide, se voir appliquer une mesure de rétention de sûreté.
L'attitude de Matthieu durant le procès l'aura aussi, sans doute, desservi.
La mère d'Agnès a ainsi décrit un accusé "complètement absent, qui ne montre aucune empathie, qui dit +peut-être, je ne me souviens pas+ et qui s'est endormi pendant qu'on montrait les photos de l'autopsie" de sa fille.
La voie semble donc étroite pour la défense de Matthieu, qui s'exprimera vendredi après les réquisitoires du ministère public. Jusqu'à présent les conseils du jeune homme ont fait le choix du silence, alors que malgré le huis clos, l'avocat et la famille d'Agnès se sont largement exprimés auprès de la presse.
Le verdict est attendu dans la soirée.