Dans l'Aude, la décision de Total d'importer 300 000 tonnes par an d'huile de palme passe mal. De nombreux agriculteurs se sont reconvertis ou diversifiés pour produire de l'huile de colza ou de tournesol afin de fournir les raffineries de biocarburants, secteur porteur. Mais ils sont plus chers.
C'est sans doute la première fois que la FNSEA et les ONG de protection de l'environnement sont d'accords. Et condamnent la décision de Total d'importer 300 000 tonnes d'huile de palme par an, notamment pour alimenter la bioraffinerie Total de La Mède (Bouches-du-Rhône), qui doit démarrer cet été.
Mais les raisons sont différentes : pour les associations écologistes, l'huile de palme est un produit très controversé car il est accusé de favoriser la déforestation en Asie du Sud-Est.
Pour les syndicats agricoles, ces importations sont prévues alors que l'agriculture française peut fournir davantage d'huile de tournesol ou de colza, mais plus chère.
De nombreux agriculteurs ont commencé il y a quelques années à produire des oléagineux comme le colza, notamment dans l'Aude. Poussés notamment par les perspectives de rentabilité liées au développement des biocarburants.
Xavier Flament est dans ce cas. Il est agriculteur à Molandier, à 1 heure de Carcassonne. Sur son exploitation de 250 hectares, il produit du blé, du tournesol et du colza.
On est dans une rentabilité limitée. Un jour on nous dit blanc, un jour on nous dit noir. Il faudrait vraiment se positionner et avoir une vraie politique agricole.
Avec ses collègues de la FNSEA, il participe au blocage du dépôt pétrolier de Lespinasse en Haute-Garonne pour protester contre la décision de Total d'importer massivement de l'huile de palme pour sa future usine de biocarburant de La Mède.
Ils demandent que soit inscrite dans la future loi agriculture et alimentation, examinée au parlement à partir du 26 juin, une disposition de protection de l'agriculture française.
Il faudrait que tous les produits importés qui ne sont pas produits dans les mêmes conditions et avec les mêmes normes qu'en France soient refusés aux frontières.