Dans l'Aude, la désertification médicale concerne aussi les vétérinaires. Ils sont de moins en moins à intervenir dans les élevages. C'est une tendance nationale. Les vétérinaires ruraux ne représentent plus que 19% de la profession en France, selon l'ordre national des vétérinaires.
Le massif des Corbières audoises et la Haute-Vallée de l'Aude sont devenus des déserts vétérinaires. Une situation sanitaire critique qui pénalise les exploitations agricoles.
Cette profession, aux études longues, souffre d'un manque d'attractivité car les conditions de travail sont plus dures et moins rentables que pour un cabinet vétérinaire de ville. Il y a d'abord les journées à rallonge, voire les nuits, les heures passées sur les routes, les interventions souvent longues et avec des animaux dangereux, la solitude du travail et une faible rémunération.
5 vétérinaires ruraux pour 900 exploitations
Dans la Haute-Vallée de l'Aude, les génisses de Denis répondent bien à l'appel. Mais pour s'occuper d'elles, les vétérinaires ruraux eux se font rares. D'années en années, ils désertent le territoire, partent en retraite et ne sont pas remplacés. Laissant derrière eux, des éleveurs parfois démunis en cas d'urgence.
Au moment du vêlage, si cela se passe mal, on a besoin du vétérinaire. Si le veau meurt, c'est notre bénéfice qui est perdu et en plus, la vache peut ne pas survivre. La santé des animaux, c'est primordiale pour nous et pour l'économie de l'exploitation.
Le seul cabinet disponible est basé à Carcassonne, à plus d'une heure de route. François Peyrot fait partie des derniers spécialistes qui se déplacent dans les fermes. Il roule parfois des centaines de kilomètres en montagne pour une petite intervention.
Si tous les vétérinaires faisaient un peu de rural, on y arriverait. Cela nous soulagerait. Mais comme c'est fatigant et pas rentable, beaucoup de confrères abandonnent.
Les syndicats agricoles tirent le signal d'alarme
La situation inquiète les éleveurs et mobilise les syndicats agricoles. Partout dans les campagnes, c'est le même problème... le manque de vétérinaires pour les animaux d'élevages.
Il faut voir l'intérêt général et l'Etat doit être aux côtés des éleveurs. On doit maintenir les vétérinaires ruraux et favoriser l'installation des jeunes. Il faut les attirer en campagne, comme on le fait avec les médecins.
La pénurie des vétérinaires agricoles touche de nombreuses zones isolées partout en France. Le 21 septembre, les associations d'éleveurs de l'Aude se réuniront à Limoux pour évoquer, entre autre, cette problématique et tenter de trouver des solutions.