Fanny a fui la cadence des cabinets vétérinaires citadins pour s'associer à 5 autres confrères, en montagne. A Bourg-Madame, dans les Pyrénées-Orientales.
Pas de salon de l'agriculture en 2021, pour cause de Covid... Mais du 23 février au 7 mars, France Télévisions ouvre ses antennes au monde rural : documentaires, débats, portraits, reportages, fictions, divertissements… Pour vivre nos territoires au plus près, pour donner la parole à ceux qui façonnent nos campagnes. C'est l'opération : #NousPaysans.
Nous paysans, vu depuis les Pyrénées-Orientales et la Cerdagne
Chapy est un border croisé labrador qui souffre depuis quelques jours d'un hématome. Fanny Sourroque l'ausculte pour déterminer s'il a besoin d'être opérer. Nous sommes à 1500 m d'altitude à la clinique vétérinaire de Bourg-Madame créée il y près de 30 ans dans une ancienne ferme. Fanny a fui la cadence des cabinets citadins pour s'associer à 5 autres confrères.
Dans un cadre familial, on assure ici des actes de chirurgie et d'urgences. "On a des chiens qui vont dans la neige ou des chiens d'avalanche parfois à recoudre qui peuvent avoir des plaies particulières. Des chiens qui suivent des gens en randonnée qui se font couper par des carres de ski".
Un tiers pour l'activité rurale
Si les animaux de compagnie représentent 65 % de l'activité, plus de 35 % sont consacrés à l'activité rurale. Fanny sillonne ce territoire d'élevage où une centaine d'exploitations agricolse produit de la viande et du lait.
A une dizaine de kilomètres de Bourg-Madame, le petit village de Dorres. L'éleveuse Anne Legal rassure ses 20 vaches laitières pendant que la trentenaire procède à des prises de sang dans le cadre du suivi sanitaire du troupeau. Le binome éleveur-véterinaire prend tout son sens. "Il faut une confinace entre les vétérinaires. Je sais que si en pleine nuit, j'ai un vêlage difficile et je sens que ça va être compliqué, je sais qu'ils vont être là", raconte Anne Legal.
La jeune véterinaire veille à ce que le cheptel en montagne ne soit pas carencé en oligo-éléments notamment à cause du grand froid en cas de pathologie. Elle peut prescrire mais aussi délivrer des médicaments.
En moyenne, Fanny parcourt une cinquantaine de kilomètres par jour. "Il ne faut rien oublier lorsqu'on part de la clinique". Le véhicule est plein à craquer. Du matériel pour réaliser des échographies ou des radios et tout ce qu'il faut pour traiter les petis bobos.
Nous sommes un maillon entre la santé animale et la santé humaine
Au sein de l'exploitation de la famille Bosom, à Enveigt, la centaine de race à viande Aubrac bénéficie d'un bâtiment qui répond aux dernières normes en vigueur en matière de bien être. "Par exemple, au niveau du parasitage des vaches, on demande conseil à Fanny," explique Frédéric Bosom.
"Il y a toute une liste de maladie que l'on cherche tous les ans sur tous les bovins. Certains peuvent se transmettre à l'homme comme la brucellose. nous sommes un maillon entre la santé animale et la santé humaine," analyse Fanny Sourroque.
10% en montagne
En France, 10 % des vétérinaires comme Fanny ont choisi d'exercer en montagne. La ruralité est confrontée de plus en plus à des déserts médicaux véterinaires. Les départements les plus touchés sont la Dordogne, l'Aude, l'Oise et l'Indre. Le nombre de vétérinaires spécialisés dans les animaux d’élevage a reculé de 15 % ces 5 dernières années. Et le manque de vétérinaires en élevage dans les zones rurales pourrait s'aggraver dans les années à venir, notamment en raison de l'attrait des jeunes générations pour les soins aux animaux de compagnie ou aux chevaux.
À défaut de remplacement par les jeunes praticiens, des anciens vétérinaires ruraux proches de la retraite, le manque de couverture vétérinaire dans certaines zones d'élevage s’aggravera selon une étude du Sénat.
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