A 22 ans, Mathilde suit les traces de ses parents, grands parents... Une famille d'éleveurs de bovins qui s'étale sur 5 générations au moins dans le Capcir, dans les Pyrénées-Orientales. Pour être rétribuer au juste prix et éviter les intermédiaires, elle souhaite créer une fromagerie.
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Nous paysans, vu depuis les Pyrénées-Catalanes et le Capcir
Formiguères est un authentique village de montagne de 530 habitants avec une altitude moyenne de 1500m, au cœur du Parc natural Régionales des Pyrénées-Catalanes, dans le Capcir. Ici, la ferme Pérarnaud est une institution depuis des décennies.
« Mon père s’est installé ici tout seul en 1983. Il a repris l’exploitation de mes grands-parents avec les étables à l’ancienne dans la maison », explique Mathilde la petite dernière.
« En 1986, il construit un bâtiment pour abriter les animaux (40 vaches laitières et 20 vaches à viande). Après 2000, mes parents s’associent avec mon oncle pour faire de la vente directe après la crise de la vache folle. C’était très compliqué de vendre les veaux. Ils ont commencé la vente directe de viande avec les gens qu’on connaissait et qui venait à la ferme chercher le lait ».
Une évidence
Mathilde a 22 ans et depuis un an, avec son cousin Vincent, elle a intégré le GAEC familial. « C’était une évidence. On n’a pas réfléchi. On a toujours vécu ici, dans les champs et on a toujours aimé les animaux. Nous avons fait des études et après notre BTS, nous nous sommes associés avec nos parents ».
Nos parents sont là pour nous accompagner. Ils ont tout fait pour nous transmettre l’exploitation du mieux possible donc on va y arriver.
L'exploitation familiale gère aujourd’hui environ 80 bovins, des Montbelliardes, des Tarentaises, des Brunes des Alpes et des Limousines. « Il faut les aimer. Quand on est calme, ils sont calmes. On fait notre maximum pour qu’ils n’aient pas de stress, qu’ils soient bien. C’est un confort d’avoir des animaux calmes et gentils ».
Mathilde et Vincent : une nouvelle génération à la ferme. Pour autant, pas question de faire table rase du passé : « on essaie de garder ce qui marchait avant. Il n’y a pas de raison. Et puis, c’est vrai, j’ai appris d’autres choses pendant mon BTS. Alors, on essaie de nouvelles techniques, il faut que ça évolue. Mais c’est la ferme de nos arrières grands-parents. Il ne faut pas faire de bêtises mais il n’y a pas de raison. Nos parents sont là pour nous accompagner. Ils ont tout fait pour nous transmettre l’exploitation du mieux possible donc on va y arriver ».
Projet : faire du fromage
Pour obtenir chaque semaine 600 litres de lait cru, les 25 vaches laitières profitent d'une alimentation composée de fourrage issu des 1870 hectares de prairie naturelle que compte l'exploitation ajoutée à des céréales sans ogm les plus naturelles possible. Leur projet : faire du fromage. « Nous voulons tout faire du début à la fin. Nous faisons naître nos animaux, on les élève. Elles font du lait. Pour l’instant, on vend notre lait à la coopérative et on sait tous que ce n’est pas très bien valorisé en ce moment, c’est la conjoncture. Alors, à être dans un milieu touristique, à faire du bon lait, autant en faire du fromage et le vendre ».
« Quand on transforme le lait en fromage, une vingtaine de vaches, cela suffit pour faire vivre deux personnes. Vendre le lait à la coopérative, il faut beaucoup plus de vaches pour faire beaucoup de volumes. »
Pour la viande, l’analyse est la même. «Pour la vente directe, on passe environ 20 vaches par an et une trentaine de veaux. Donc là aussi, on peut s’en sortir ».
Nous développons la vente directe pour éviter les intermédiaires.
Mais Mathilde en est bien consciente, le fait de travailler dans une exploitation déjà bien structurée est un avantage, notamment pour la vie privée. « Nous sommes 5 associés avec un employé. Nous avons de la chance. Nous arrivons à prendre des moments pour nous, quelques vacances. Malheureusement, il y a plein d’agriculteurs qui n’y arrivent pas. C’est aussi pour cela que nous développons la vente directe et évitons les intermédiaires. Pour mieux se payer et pour pouvoir prendre un peu de temps pour se reposer. Les vaches ont besoin de nous toute l’année quand même. Il faut qu’il y ait tout le temps quelqu’un qui soit là ».
"Mathilde, elle est presque née dans la ferme. On ne s'est pas trompé. On a eu la vision de l'avenir. Si Mathilde veur reprendre, elle aura un outil performant qui lui permettra de vivre," assure Corinne, sa maman. « Mais vite que la fromagerie soit construite. Nos parents sont très contents, ils auraient aimé le faire avant et si cela peut faire perdurer l’exploitation, alors tant mieux", s'impatiente la jeune fille.
Pour l'instant, Mathilde se contente de fabriquer avec sa mère de la faisselle à base de lait cru non pasteurisé. A la ferme Pérarnaud, la fromagerie flambant neuve devrait voir le jour cet été.
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