A Carcassonne, les visites de la cité reprennent timidement même si elles se font dans le respect strict des règles sanitaires. Les touristes hésitent encore à arpenter les rues étroites de la cité médiévale.
Après 3 mois d’inactivité, Thomas Charpentier retrouve ses clients avec beaucoup d’émotion. C'est la première journée de visite pour ce guide conférencier qui sillonne les rues de la Cité depuis 15 ans :
Pour ma 1ère visite ce matin, j’étais intarissable, je n’arrivais pas à les lâcher.
Thomas pourrait être un guide heureux si tous les touristes étaient au rendez-vous. Malheureusement, l’office de tourisme de Carcassonne se voit obligé d’annuler des visites, faute d’inscrits. Un circuit ne peut démarrer qu’avec 6 personnes ; habituellement, les groupes de visiteurs se montent à 25 personnes : "Je préfère aller à la rencontre de mes clients que de survivre avec le fonds de solidarité," nous dit Thomas.
Il explique que les 5 à 6 statuts qui régissent le métier de guide conférencier sont tous précaires. Lui-même parvient à une visibilité professionnelle de 6 mois, pas davantage. Il reconnaît que le fonds de solidarité initié par Emmanuel Macron tombe bien mais préfére travailler pour avoir une rémunération décente.
Le retour des visites, mais pas celui des guides
Gwen Barbette est également guide-conférencière à Carcassonne. Elle fait partie de la FMITEC, la Fédération des Métiers Intermittents du Tourisme de l’Evénementiel et de la Culture. Pour elle, les guides conférenciers sont sur la liste des oubliés du Covid. Pendant la crise sanitaire, mais aussi après : de nombreux établissement culturels ont repris leurs visites, mais souvent sans guide.
Heureusement pour la profession, Carcassonne ne peut se passer de guides.
Gwen Barbette prépare une action symbolique le 22 juin à 10h. Elle aura lieu simultanément dans plusieurs villes de France dont Carcassonne et Toulouse. Le but est de revendiquer davantage de reconnaissance pour le métier de guide-conférencier.
Les masques, un rempart contre la convivialité
Sur le principe, Gwen accepte complètement les règles des visites adaptées aux conditions sanitaires. Mais des groupes limités à 9 personnes, des visières pour les guides, et des masques pour les touristes constituent des freins aux sourires et aux échanges.
Cette guide conférencière indépendante souhaite une aide pour s’équiper d’un système d’audiophones : un micro pour chaque guide, et des écouteurs pour les visiteurs : "cela résoudrait tous les problèmes de distanciation sociale", ajoute Gwen.
Des visites guidées moins rentables
Selon Gilles Clémente, directeur de l’office de tourisme de Carcassonne, les visites guidées donnent vie aux monuments :
On demande aux guides d’être à la fois professeurs et acteurs.
Pour lui, le guide-conférencier tisse des relations humaines. S’il existe des applications sur smartphones avec des troubadours virtuels, rien ne remplace l’anecdote, le jeu des questions/réponses.
Aujourd’hui, le directeur de l’office de tourisme communique auprès des visiteurs potentiels qui pensent qu’il est difficile de découvrir une ville aux ruelles étroites.
La cité médiévale se visite en toute sécurité grâce un plan de circulation. Et les visites guidées suivent ce dispositif.
Actuellement, l’office de tourisme programme 2 à 3 visites guidées par jour, contre 12 en pleine saison. Ce qu’il manque pour démarrer l’été ? La clientèle étrangère, qui constitue 80 % des visiteurs de Carcassonne.
Le reportage de Jean Michel Escafre et Cédric Métairon