C’est une page parue dans le magazine municipal de la ville de Carcassonne qui fait beaucoup parler d’elle : un appel à candidature pour des emplois... dans un centre commercial privé ! 450 postes sont à pourvoir à l'horizon 2022.
« Bien Vivre à Carcassonne », c’est le nom du magazine trimestriel distribué dans les boites aux lettres des Carcassonnais mais aussi disponible dans de nombreux services publics ou commerces. La publication est rédigée par le service « communication » de la ville et sert principalement à transmettre des infos utiles et pratiques aux administrés.
Dans sa dernière édition, parue début septembre, le magazine propose un article intitulé « Les enseignes du centre commercial Rocadest recrutent : priorité aux Carcassonnais ! ».
Rocadest, c’est le nom du futur centre commercial de Carcassonne, encore en pleine construction à l’entrée Est de la ville, et qui devrait ouvrir ses portes au premier trimestre 2022. 40 000 m² de construction, dont 27 000 m² de surface de vente : le projet est gigantesque et ses promoteurs promettent entre 400 et 500 emplois à la clef.
Pas anodin dans une ville où le taux de chômage dépasse les 15% (Chiffres Insee datant de 2018) ! Et le recrutement va bientôt commencer pour les enseignes qui vont s’installer dans ces nouveaux commerces. D’où l’article dans le journal municipal.
Mais la rédaction de cet article et ce qu'il semble impliquer en a choqué beaucoup à Carcassonne : "Je n'avais jamais reçu autant de messages et de coups de fil que depuis la parution de cet article. Beaucoup de Carcassonnais s'en sont inquiétés", nous confie Edgar Montagné, le chef de file du Rassemblement National à Carcassonne.
Etonnement de l'opposition municipale
Le candidat RN aux dernières élections municipales a d'ailleurs sollicité le service juridique de sa formation politique pour déterminer la suite à donner à la parution, et se réserve le droit de porter plainte selon la réponse que les experts lui apporteront. "Sur le plan moral en tous cas, ça peut porter à confusion, continue Edgar Montagné. Les CV doivent manifestement passer par les mains du maire puisqu'ils lui sont adressés : n'est-ce pas l'occasion de placer les copains-coquins ?".
Même étonnement chez Tamara Rivel, elle aussi candidate aux dernières municipales, mais pour le Parti Socialiste : « C’est très étrange et extrêmement dangereux que le maire ou la mairie se mêle du recrutement. Cela ouvre la voie à toutes sortes de pressions et met en danger un service public, Pôle emploi, qui est normalement là pour ça.".
La mairie assume
Du côté de la mairie de Carcassonne, on s'étonne de cette polémique : "L'opposition fait de la politique contre des emplois. On parle de 450 emplois, près de 600 000 euros de masse salariale sur un mois. Autant de gens qui vont s'autonomiser et consommer derrière sur Carcassonne. C'est le rôle d'une collectivité d'être un facilitateur, que ce soit pour les habitants ou pour les acteurs économiques", justifie Anne Garrouste, collaboratrice au cabinet du maire de Carcassonne Gérard Larrat.
C'est le rôle d'une collectivité d'être un facilitateur, que ce soit pour les habitants ou pour les acteurs économiques
Et la mairie l'assure : "Toutes les candidatures seront directement transmises à Pôle emploi, avec qui nous travaillons en étroite collaboration, elles ne seront même pas regardées en mairie.".
Pour les candidats intéressés qui ne souhaitent pas envoyer leur CV à l'Hôtel de Ville, il reste toujours possible de l'adresser directement à Pôle emploi.