La petite commune de Caunes-Minervois n'a plus les moyens de faire fonctionner la maison de retraite municipale. Le maire a décidé de la confier à une union d'associations locales, l'USSAP. Les personnels, les résidents et leurs familles dénoncent une privatisation de l'établissement qu'ils refusent. Ils ont manifesté ce mercredi.
La mairie avait prévu de présenter le projet à l'ensemble du personnel ce 28 octobre, mais la colère a éclaté avant, à l'Ehpad de Caunes-Minervois (Aude). Face à l'annonce de la cession de cette maison de retraite, jusqu'ici publique, salariés et résidents ont manifesté ce mercredi leur hostilité à tout changement de statut.
Depuis l'éclatement du scandale Orpéa, le public est devenu suspicieux face aux structures privées. La municipalité a donc voulu se prémunir de toute polémique en choisissant comme repreneur l'organisation audoise USSAP (Union Sanitaire et Sociale pour l'Accompagnement et la Prévention), spécialisée dans la prise en charge des personnes âgées, des adultes et enfants handicapés et des patients de psychiatrie et d'addictologie. Cette union d'associations est certes à but non lucratif, mais gère tout de même un budget de 110 millions d'euros et emploie 1700 personnes dans 60 établissements de l'Aude et des Pyrénées-Orientales. Il n'en a pas fallu plus aux salariés de l'Ehpad Los Aïnats pour y voir une privatisation qu'ils refusent.
Inquiétudes autour des conditions de travail
Les premiers redoutent les conséquences sociales d'un tel changement, comme l'explique Hélène Puertolas, secrétaire départementale du syndicat FSU Territoriale :
Les salariés ne seraient plus fonctionnaires, puisqu'ils seraient transférés d'office au privé. Quant aux résidents, un établissement public ne recherche pas le profit. Là, ce serait une hausse du prix de journée.
Hélène Puertolas, secrétaire départementale FSU Territoriale
Garanties demandées sur l'accueil et les services
De fait, les aînés aussi s'inquiètent du basculement de cette petite résidence de 67 lits, dont 23 en secteur protégé pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés. Chantal Fabre Bayssière, dont la mère est pensionnaire de la maison de retraite de Caunes-Minervois, en redoute les conséquences psychologiques :
Pour les résidents, c'est une incertitude, une inquiétude. Les gens qui vivent ici sont des personnes fragiles, donc c'est assez anxiogène.
Chantal Fabre Bayssière, fille de résidente
Volonté de renouer le dialogue
Le maire de Caunes-Minervois, a finalement reçu les élus syndicaux de l'Ehpad pour tenter de trouver un terrain d'entente et surtout d'apaisement. Car selon lui, toutes les cartes sont encore sur la table :
Quelle que soit la réaction du personnel, je la trouve normale. Le changement de statut, ça n'est pas forcé, ça se discute, on pourrait trouver des solutions.
Jean-Louis Petit, maire de Caunes-Minervois (Aude)
En attendant, les protestataires ont promis de continuer à faire entendre leurs voix auprès de la préfecture de l'Aude et et de l'Agence Régionale de Santé, dont ils doivent rencontrer des représentants dans les semaines à venir.
Ecrit avec Margaux Bonfils et Frédéric Guibal