Le 20 juillet 2017, Natacha Pérez décède sous les coups de son compagnon à Alzonne, près de Carcassonne. Cette semaine, deux accusés sont jugés par la Cour d'Assises de l'Aude : l’ancien conjoint de la victime, Maurice Patrac, ainsi que son neveu et complice présumé, Steven.
Le soir du 20 juillet 2017, Natacha Pérez annonce à son compagnon qu’elle va faire une course. Ne la voyant pas revenir, Maurice Patrac appelle son neveu Steven et, à bord de la voiture de ce dernier, les deux hommes recherchent Natacha. Ils la retrouvent du côté de Carcassonne peu avant minuit et l’embarquent en direction d’un champ isolé. Natacha est battue, y compris à coups de pierre. Ramenée au domicile familial à Alzonne, les coups pleuvent à nouveau. Une matraque cloutée, habituellement réservée aux punitions du chien, est même utilisée. C’est la sœur de Maurice Patrac qui alerte les gendarmes le matin du 21 juillet. Il est trop tard, Natacha est morte sous les coups. Les militaires arrêtent Maurice Patrac à son domicile.
Visage impénétrable et expression laborieuse
Dans le box, le principal accusé qui comparaît détenu est impassible. Le regard est noir, parfois perdu dans le vide. Tatouage sur le côté gauche du cou, un masque rend son visage encore plus impénétrable. Il s’exprime peu et de façon laborieuse. Même quand la présidente du tribunal lui demande son âge, il dit ne pas s’en souvenir. Maurice Patrac, 38 ans, doit pourtant répondre du meurtre de sa compagne, Natacha.A coté des avocats de la défense, son neveu Steven. Agé de 25 ans, il comparaît libre, récemment sorti de détention pour une autre affaire. Lui s’exprime plus facilement mais ne comprend pas sa présence aux assises : "C’est pas ma place ici, j’ai rien fait...." . Venue livrer son expertise à la barre, l’enquêtrice de personnalité acquiesce : "Justement…c’est ce qu’on lui reproche". Steven Patrac est soupçonné de n’être pas intervenu alors que le drame se nouait.
Alcoolisme et violence
Natacha Perez était un mère de 6 enfants. Quatre issus de son union avec le principal accusé. Elle a 20 ans quand elle rencontre Maurice Patrac en 1999. Natacha est encore en couple avec le père de ses deux premiers enfants, un homme alcoolique et violent qu’elle quitte pour Maurice.Maurice Patrac a six frères et sœurs et des parents membres de la communauté du voyage qui ont longtemps vécu dans l’itinérance entre l'Aude et les Pyrénées-Orientales. Maurice a sept ans quand la famille se sédentarise à Alzonne, petit village proche de Carcassonne. L’ambiance est lourde : le père alcoolique s’en prend régulièrement à sa femme et aux aînés de la fratrie. La mère finit par se séparer de son mari qui meurt en 1999.
D'après l’enquêtrice de personnalité qui présente aujourd’hui ses travaux aux jurés, Maurice Patrac "reproduit le schéma familial". Alcoolisation régulière et violences sur sa compagne sont fréquents. Les six enfants du couple sont d’ailleurs confiés aux services sociaux à plusieurs reprises.
Le premier jour du procès a été largement consacré à l’examen de la personnalité des deux accusés, plus particulièrement celle de Maurice, livrant un portrait peu flatteur du personnage. "Son alcoolisme chronique entraîne une jalousie pathologique qui provoque de grandes colères et des comportements violents", explique ainsi une psychiatre experte près les tribunaux .
Maurice Patrac considérait Natacha comme inférieure à tous les niveaux. En plus du fait d’être une femme, il lui faisait porter la responsabilité du placement de leurs quatre enfants , ainsi que du décès d’un cinquième enfant.
Gendarmes et pompiers habitués à la violence du couple
Avant ce tragique 20 juillet 2017, Maurice Patrac a déjà été condamné à neuf reprises, notamment pour violences conjugales et violences contre une mineure de 15 ans, la fille de sa compagne issue de sa première union. Le couple est apparemment connu d’une partie du village d’Alzonne pour la violence dans le foyer. Les gendarmes et les pompiers sont d’ailleurs habitués à se déplacer à leur domicile après des signalements de voisins.Ce cas est emblématique des violences faites aux femme pour l’association audoise "Collectif 11 de défense des droits des femmes" qui s’est constituée partie civile, aux côtés de la famille de la victime, présente en nombre au procès. Aude Denarnaud, l’avocate qui représente l’association, espère que ce procès aura une portée symbolique et que sa constitution de partie civile enverra un message à toutes les femmes victimes de violences.
Il faut que les femmes comprennent que les associations sont toujours là... quel que soit leur état, leur vécu, ce dont elles souffrent. Les portes des associations seront toujours ouvertes et l’écoute bienveillante.
La cour d'Assises de l'Aude devrait rendre son verdict le vendredi 4 septembre.