"J'ai été sans cachets pour le coeur pendant trois jours" : pénurie de médicaments, les pharmacies sont en grève

Ce jeudi 30 mai, les pharmacies tirent le rideau. Déserts pharmaceutiques, pénurie de médicaments, accès aux soins dégradé : un appel à la grève a été lancé par la Fédération des pharmaciens d'officines et l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine.

Les pharmacies seront fermées ce jeudi 30 mai 2024. Face à la pénurie de médicaments et à leur avenir fragile, les pharmaciens s'inquiètent.

Un appel à la grève a été lancé par la Fédération des pharmaciens d'officines (FSPF) et l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). À Montpellier, un rassemblement aura lieu au Peyrou à 13h30 et une motion sera déposée à la préfecture.

Pénurie de médicaments

"J'ai des problèmes de cœur et d'artères, il me faut mes cachets, j'ai attendu deux semaines pour les avoir alors j'ai été bien trois, quatre jours sans en prendre et ça pour le cœur ce n’est pas normal", s'insurge un patient dans une pharmacie de l'Aude.

En effet, depuis plus d'un an déjà, antibiotiques et médicaments du quotidien manquent à l'appel.

C'est surtout un souci pour le patient. Si on ne trouve pas de solution, il faut substituer le médicament. On appelle des médecins tous les jours pour trouver de nouveaux traitements et souvent les patients n'y réagissent pas très bien.

Jordan De Oliveira - pharmacien

Du côté des professionnels de santé, cette pénurie se répercute dans leur travail.

On travaille de plus en plus dans le back-office pour essayer de trouver des solutions pour les patients. Nous passons du temps à faire un autre métier que celui de pharmacien.

Charles Maux - président du syndicat des pharmaciens de l'Aude

Médicaments achetés et vendus trop peu cher

D'après le président du syndicat des pharmaciens de l'Aude, les coûts trop bas des médicaments déséquilibrent les marchés et l'approvisionnement de la France en médicaments.

Il semblerait que les grands laboratoires installés à l'étranger privilégient leurs marchés nationaux ainsi que les pays où les prix des médicaments sont plus élevés qu'en France.

Selon le président du syndicat Charles Maux, cette situation fragilise les pharmacies, "on a eu 2 000 fermetures en 10 ans, on en a eu 300 en 2023 et 150 seulement pour le 1er trimestre 2024".

Face à cette crise le gouvernement pourrait mettre en œuvre deux solutions, même si celles-ci vont à l'inverse de l'économie de la sécurité sociale.

Il faudrait augmenter le coût des médicaments qui sont très peu chers et économiquement pas rentables pour les fabricants. Il faudrait relocaliser la fabrication des médicaments dans notre pays pour qu'on soit indépendants.

Charles Maux - président du syndicat des pharmaciens de l'Aude

Vente en ligne

Autre sujet d'inquiétude, un projet de déréglementation qui permettrait de vendre davantage de médicaments en ligne, un danger selon les professionnels.

Les gens vont avoir accès aux médicaments sur internet et acheter sans conseil de pharmacien, sans vérifier les contre-indications éventuelles avec leur traitement.

Jordan De Oliveira - pharmacien

Toujours selon les pharmaciens, ce projet de vente de médicaments sur internet déréglera le marché et "entraînera encore plus de fermetures d'officines".

Écrit avec Éric Henry.

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