Il y a un an les surveillants pénitentiaires se mobilisaient dans toute la France contre la dégradation de leurs conditions de travail, face à la surpopulation carcérale. L'administration a lancé une grande campagne de recrutement. Découvrez le quotidien d'un gardien de prison à Carcassonne.
La journée de travail de Yoann Verschelle débute toujours par un passage aux vestiaires pour enfiler la tenue règlementaire des surveillants pénitentiaires. Avant de récupérer le gros trousseau de clefs indispensable à son travail.
On ne sait jamais réellement ce qui va se passer, on gère de l'humain. On peut tomber sur des personnes qui ont passé une mauvaise nuit et qui vont vouloir nous aggresser. Ou alors, ça peut très bien se passer.
Après dix ans dans un centre pénitentiaire de la région parisienne, Yoann est en poste depuis deux ans à la maison d'arrêt de Carcassonne.
Ici, les prisonniers sont soit en détention provisoire, dans l'attente d'un procès, soit des condamnés à des courtes peines.
Sa journée est rythmée par celle des détenus, et leurs nombreux allers-retours au sein de l'établissement : sport, promenade, parloir, douches, distribution des repas ou des médicaments...
A chaque fois, les surveillants pénitentiaires doivent vérifier que les déplacements se passent bien et procéder aux contrôles de sécurité avant que les prisonniers ne réintègrent leurs cellules.
136 détenus pour 64 places
Une tâche qui nécessite rigueur et autorité. Un travail difficile aussi dans une prison qui affiche un taux d'occupation de 214% : soit 136 détenus pour 64 places.
La difficulté elle est là. On est une petite structure mais on est très surpeuplé. Si vous n'êtes pas rigoureux dans votre travail, vous vous faites vite déborder.
Une surpopulation carcérale qui se fait d'autant plus ressentir que les surveillants, eux, sont en sous-effectif. Sur les 32 agents affectés dans cette maison d'arrêt, un tiers est en arrêt de travail pour diverses raisons.
Alors ici, le recrutement en 2019 sur toute la France de 1.000 agents supplémentaires est forcément une bonne nouvelle.
Quand vous devez gérer un étage seul, avec 150 détenus, ce n'est pas pareil que si vous êtes deux. c'est un confort de travail. Et c'est mieux aussi pour les détenus, on a le temps de les écouter.
La formation des gardiens au sein de l'école nationale des agents pénitentiaires à Agen (ENAP) a été réduite pour en former davantage chaque année. Objectif à terme : 2.400 nouveaux surveillants par an.