Le préfet de l'Aude ordonne la mobilisation policière dans Carcassonne

Le préfet de l'Aude a réclamé, jeudi, d'importants renforts de police pour rétablir le calme à Carcassonne, théâtre d'une flambée de violences que le représentant de l'Etat lui-même qualifie d'exceptionnelle, pour cette ville moyenne, surtout connue pour sa cité médiévale. La ville est sous tension.

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Dix-huit voitures ont brûlé ou ont été endommagées par les flammes dans des quartiers périphériques de Carcassonne au cours de la nuit de mercredi à jeudi, selon un comptage officiel.

Cette série d'incendies a été précédée de peu par une tentative d'intrusion d'au moins deux individus encagoulés dans la caserne de la CRS 57. Les deux intrus, des hommes probablement, ont été mis en fuite par un policier de garde et sont repartis en voiture.
Le fait qu'ils aient cisaillé la clôture et peut-être neutralisé la vidéosurveillance témoigne pour les autorités d'une audace rare et pour certains policiers d'un inquiétant sentiment d'impunité.
Devant ces "événements tout à fait exceptionnels" pour Carcassonne, le préfet a activé une cellule de crise et demandé le renfort de deux unités de forces mobiles, soit environ 140 hommes, dont 68 sont déjà à pied d'oeuvre, selon la préfecture.


Cette irruption à la CRS 57 et les feux de voiture sont-ils liés ? Cette nuit troublée a-t-elle un rapport avec une vaste opération anticambriolages qu'ont menée dans la matinée environ 200 policiers et gendarmes dans un camp de roms et de gens du voyage à Carcassonne et dont la préparation ne serait pas passée inaperçue ? Rien ne permet de le dire, a dit à l'AFP le préfet Louis Le Franc.

Les véhicules des gendarmes mobiles appelés à sécuriser l'opération de la matinée stationnaient à l'intérieur du cantonnement de CRS. Les visiteurs clandestins étaient en train de s'en approcher quand ils ont été surpris, assure un syndicat policier.
Certains ont-ils voulu faire avorter la descente dans le camp des gens du voyage, ont-ils voulu créer une diversion en mettant le feu aux voitures ? Une source proche du dossier juge cela peu probable: les "cibles" de la matinée faisaient l'objet d'une étroite surveillance préalable à laquelle ils pouvaient difficilement se soustraire pour aller semer la pagaille à Carcassonne.

"On a franchi un cran" selon le préfet de l'Aude

En tout cas, dans cette ville de moins de 50.000 habitants dont la cité médiévale est inscrite au patrimoine mondial, "on a franchi un cran, c'est du jamais vu de mémoire de Carcassonnais", admet le préfet, concordant là avec le syndicat policier Alliance. "Un nouveau palier a été franchi dans la défiance envers les forces de l'ordre", s'est ému celui-ci dans un communiqué.
Carcassonne, ce n'est pas seulement la carte postale de l'un des tout premiers sites touristiques de France, avec des millions de visiteurs chaque année, disent ceux qui la connaissent. La cité, avec ses fortifications, ses 52 tours et son château comtal, est un peu à l'écart d'une ville qui est le chef-lieu d'un des départements les plus pauvres de France et qui possède aussi ses quartiers sensibles.


L'un d'eux, Ozanam, a été le théâtre du caillassage d'un camion de pompiers qui venaient éteindre un feu de conteneur dans la nuit de samedi à dimanche. Des poubelles et une voiture y ont brûlé la même nuit. Le week-end précédent, un feu d'origine criminel avait été allumé dans une chapelle du quartier.
La caserne de CRS jouxte immédiatement le quartier d'Ozanam. Les deux incidents peuvent aussi constituer des actes de représailles contre un surcroît de pression policière lié à des enquêtes en cours à Ozanam, avance un haut responsable sous couvert de l'anonymat.

Quant au raid mené jeudi matin par policiers et gendarmes sur l'aire pour gens du voyage, neuf personnes ont été interpellées. Elles sont soupçonnées d'être impliquées dans une dizaine de cambriolages, a-t-on appris de sources proches de l'enquête.

 

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