Les 5 parlementaires socialistes de l'Aude en appellent au ministre de l'agriculture pour autoriser ponctuellement, cette année, la chaptalisation des vins de table du Languedoc-Roussillon, une adjonction de sucre qui vient d'être rejetée par le préfet de Région.
Les trois députés et les deux sénateurs socialistes du département ont adressé une lettre à Stéphane Le Foll avant même la décision du préfet lundi, et ont repris contact avec son cabinet mardi et mercredi, a déclaré à l'AFP Marie Hélène Fabre, députée socialiste de Narbonne.
Ils appuient la demande des coopératives viticoles de Languedoc-Roussillon d'autoriser l'adjonction de saccharose ou "sucrage à sec" en invoquant la nécessité d'enrichir en sucre la vendange 2013, qui risque d'être achevée avant que les grains n'arrivent à maturité complète en raison du mauvais temps du printemps, afin de rehausser le degré d'alcool du vin.
Les coopératives ont formulé cette demande pour les vins sans indication géographique (VSIG). Les producteurs de vins de pays d'oc ne se sont pas associés à la demande, injustifiée à leurs yeux.
Le préfet de région a autorisé, lundi, l'adjonction de moûts concentrés de raisins, mais a souligné que le "sucrage à sec" (adjonction de saccharose du sucre de betterave) "ne peut être autorisée dans notre région, que dans des circonstances exceptionnelles, que la demande n'a pas démontrées".
La demande des viticulteurs se fonde aussi sur le fait que la chaptalisation avec du saccharose est trois fois moins chère qu'avec du moût. Le préfet a rejeté cet argument en estimant que "cette situation, non spécifique à la région et aux vendanges 2013, ne caractérise pas l'existence d'une situation exceptionnelle qui permettrait de fonder une dérogation".
Au cabinet du ministère de l'Agriculture, on indique que "le ministre a reçu la lettre des parlementaires", mais on ne peut préciser quand il répondra.
Les parlementaires de l'Aude souhaitent que M. Le Foll revienne sur la position du préfet "dans les tout prochains jours car l'enrichissement doit avoir lieu dans les jours suivant la récolte", selon Mme Fabre.
"La quasi-totalité des zones viticoles bénéficient de l'autorisation de chaptalisation, comme le champagne, le bourgogne", argumente la députée, tandis que le Languedoc-Roussillon, plus ensoleillé, doit traditionnellement s'en tenir à l'usage de "moûts concentrés", trois fois plus chers.
"Il y a eu rupture d'équilibre entre viticulteurs français quand l'Union européenne a décidé de supprimer en 2012 une aide qui compensait le surcoût de l'usage des moûts", argumente Mme Fabre.