Inaugurée dans le IIIème arrondissement de Paris par Anne Hidalgo en présence de la famille, une plaque en hommage à Arnaud Beltrame, gendarme assassiné dans l'Aude en mars 2018, n'avait jamais fait parler d'elle jusqu'à ce dimanche. "Révoltant", "une honte". Explications.
Comme de très nombreux sites de France, la mairie de Paris inaugure une plaque en mémoire d'Arnaud Beltrame le 26 février 2020 en présence du maire Anne Hidalgo dans le IIIème arrondissement, au coeur de l'ancienne caserne des minimes. En présence de la mère du défunt. Est écrit: "Jardin Arnaud Beltrame, colonel de gendarmerie assassiné lors de l'attentat terroriste du 23 mars 2018 à Trèbes (Aude). Victime de son héroïsme". Le lendemain, le frère du gendarme, Cédric Beltrame répond "merci" à la ville de Paris.
Inaugurée en présence de la famille
Pourtant, depuis dimanche, soit près de huit mois après cette inauguration, les réseaux sociaux sont envahis par de nombreuses critiques dénonçant l'expression "victime de son héroïsme"."Suggérer qu'Arnaud Beltrame aurait été victime de lui-même est révoltant. C'est le fondamentalisme islamiste qui l'a assassiné", s'est émue Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, sur Twitter, ajoutant que la maire PS de Paris, Anne Hidalgo "s'honorerait à faire modifier cette phrase qui choque nombre de Français".
"Victime de son héroïsme".
— Aurore Bergé (@auroreberge) October 12, 2020
Comment peut on nier à ce point la barbarie et le terrorisme islamiste qui sont les seuls responsables de son assassinat ?
S'il est mort en héros, il n'est en rien victime de son héroïsme. pic.twitter.com/MLLcYNJPWA
"Arnaud Beltrame n’est pas victime de son héroïsme mais bien du fanatisme islamiste. On peut mourir en héros mais on en est jamais « victime », exprime Olivier Faure, 1er secrétaire du partis socialiste. Aurore Bergé, présidente déléguée du groupe LREM à l'Assemblée nationale, s'est également étonnée: "Comment peut-on nier à ce point la barbarie et le terrorisme islamiste qui sont les seuls responsables de son assassinat ? S'il est mort en héros,
il n'est en rien victime de son héroïsme".
Pour Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des réseaux djihadistes"À force de ne pas vouloir nommer al-Qaeda et l’État islamique, on finit par se faire des noeuds dans la tête et dire n’importe quoi, «victime de son héroïsme » c’est aussi aberrant que « victime du terrorisme » même avec l’adjectif package «islamiste» ça reste un mode opératoire!"
À force de ne pas vouloir nommer al-Qaeda et l’État islamique, on finit par se faire des noeuds dans la tête et dire n’importe quoi, «victime de son héroïsme » c’est aussi aberrant que « victime du terrorisme » même avec l’adjectif package «islamiste» ça reste un mode opératoire! pic.twitter.com/lTJMi4jdAb
— Wassim Nasr (@SimNasr) October 12, 2020
Président du Centre d'Analyse du Terrorisme, Jean-Charles Brisard a dénoncé "une
insulte" à la mémoire de ce lieutenant-colonel, décédé après s'être substitué aux
otages lors de l'attaque terroriste dans un supermarché de Trèbes (Aude) en mars 2018.
Si la formulation ne convenait pas aujourd'hui à la famille, elle serait naturellement modifiée
La mairie de Paris a indiqué que "la rédaction de la plaque avait été validée par la famille d'Arnaud Beltrame". "Si la formulation ne convenait pas aujourd'hui à la famille, elle serait naturellement modifiée", a ajouté la mairie.