"On n'aurait jamais imaginé qu'à Trèbes, il puisse nous arriver quelque chose d'aussi terrible." Le 23 mars 2018, la France est de nouveau victime d'un attentat terroriste. Quatre morts : un gendarme, Arnaud Beltrame, élevé en héros et trois civils. Les habitants sont traumatisés.

Retour sur les 3 attaques en 4 heures

  • Un automobiliste braqué, son passager tué
C'est la première victime de cette journée du 23 mars 2018. L'auteur des attaques braque  d'abord un automobiliste ce vendredi matin à Carcassonne, pour lui voler sa voiture. Il ouvre le feu, blessant le conducteur et tuant le passager. Natif de la commune voisine de Villedubert comme sa famille depuis quatre générations, Jean Mazières, marié, père d'un fils, était impliqué dans beaucoup d'associations et notamment au comité des fêtes.
  • Un CRS touché par des coups de feu
Quelques minutes plus tard, un CRS rentrant d'un footing avec plusieurs collègues est blessé par balle à Carcassonne par le suspect qui a pris la fuite. Les CRS n'étaient pas armés. C'est une compagnie de CRS de Marseille, en déplacement à Carcassonne, qui a été visée. Ils se sont tout de suite mis au sol, mais l'un d'entre eux a été touché à l'épaule. L'homme a aussi deux côtes cassées et un poumon perforé.
  
  • Une prise d'otages dans un Super U
Le suspect se rend ensuite dans un supermarché de Trèbes, à quelques kilomètres de là. Vers 11h15, des coups de feu sont entendus. Deux personnes sont tuées dans cette attaque. Hervé Sosna, 65 ans, maçon à la retraite qui se rendait "dans ce magasin deux fois par semaine", a raconté son demi-frère William Durand, au quotidien la Dépêche du Midi. Et le chef du rayon boucherie. Christian Medves, marié, père de deux filles (Florie et Julie) venait à peine de fêter ses 50 ans et était déjà grand-père d'une petite-fille d'un an. 

Un gendarme, le Lieutenant-Colonel Beltrame, entre volontairement dans le magasin, en échange de la libération d'un otage. Il laissé son téléphone ouvert sur la table, permettant aux gendarmes d'entendre ce qu'il se passe dans les locaux. Après plus de deux heures, le gendarme est très grièvement blessé à l'arme blanche. L'assaillant sera abattu par le GIGN.
  • Un assaillant connu des services de renseignement
Le preneur d'otages se revendique du groupe Etat islamique (EI). Un témoin déclare qu'il a crié "Allah Akbar" en rentrant dans le supermarché.  Le preneur d'otages, un Franco-Marocain de 26 ans, est connu des services de renseignement, fiché au FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste).

Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) revendique la prise d'otages et les attaques meurtrières de Trèbes et Carcassonne, par le biais de son agence de propagande Amaq. Le preneur d'otages du supermarché de Trèbes réclamait la libération de Salah Abdeslam, le dernier survivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis.
 

Le lendemain matin, le ministre de l'intérieur, Gérard Collomb, annonce la mort du gendarme."Jamais la France n'oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice." Le président de la République, Emmanuel Macron, lui rend hommage  en déclarant que l'officier était "tombé en héros" et méritait "respect et admiration de la nation tout entière."
 

À Carcassonne, devant la Gendarmerie, de nombreuses personnes viennent apporter des fleurs. "C'était important, parce qu'il est mort pour nous", a déclaré une habitante de la ville. 

On n'aurait jamais imaginé que dans un village comme Trèbes il puisse nous arriver quelque chose d'aussi terrible


La question est dans tous les esprits au lendemain des attaques qui ont fait quatre morts dans l'Aude : comment une petite ville, Trèbes, de 6 000 habitants a-t-elle pu être victime d'un attentat terroriste ? "On n'aurait jamais imaginé que dans un village comme Trèbes, il puisse nous arriver quelque chose d'aussi terrible", confie une habitante

Les conversations dans les commerces restent marquées d'effroi lorsqu'il s'agit d'évoquer les victimes. "On va tous faire nos courses là-bas, donc si on ne leur a pas parlé, on les connaît de vue au moins", affirme une commerçante.
 

Trèbes est en deuil en ce dimanche des Rameaux. Encore sous le choc, les habitants viennent rendre un hommage aux victimes de l'attentat de l'avant veille. "Je suis très triste. Toute la France est malheureuse", explique, des rameaux d'olivier à la main, Emile Acco, peintre carrossier à la retraite, devant l'église.

Je suis très triste. Toute la France est malheureuse


Près d'une centaine d'hommes et de femmes se rassemblent le 28 mars dans la cour de la petite caserne de Carcassonne, où était affecté le colonel Arnaud Beltrame. Un hommage silencieux et poignant au "héros" assassiné.

C'était un homme en or, c'est très dur de gérer tout ça


"J'ai une immense tristesse, c'était un homme en or, c'est très dur de gérer tout ça. La gendarmerie est une grande famille, on se soutient tous dans cette douleur" se livre un collègue et ami du colonel Beltrame.
 


Hommage national

La France est sous le choc. Un hommage national lui est rendu aux Invalides. “Le nom d'Arnaud Beltrame est devenu celui de l'héroïsme français” déclare Emmanuel Macron. "Il faisait face à l'agression islamiste, face à la haine, face à la folie meurtrière et avec lui surgissait du coeur du pays l'esprit français de résistance", souligne le chef de l'Etat dans l'éloge funèbre. 

Le nom d'Arnaud Beltrame est devenu celui de l'héroïsme français


Par la bravoure d'un seul, entrainant la Nation à sa suite, cette détermination inflexible face au nihilisme barbare convoqua aussitôt dans nos mémoires les hautes figures de Jean Moulin, de Pierre Brossolette, des martyrs du Vercors et des combattants du maquis."

Le 29 mars, une cérémonie est célébrée à Trèbes en hommage aux trois victimes civiles des attentats de l'Aude, Jean Mazières, 61 ans, Christian Medves, 50 ans et Hervé Sosna, 65 ans. "Vous êtes tombés sous les balles du terrorisme et avez emporté avec vous l'insouciance d'une petite ville d'Occitanie que rien ni personne ne prédisposaient à vivre de tels événements", évoque le maire de Trèbes Eric Menassi.

Le Super U de Trèbes, où trois personnes ont été tuées par le jihadiste le 23 mars, ne rouvrira ses portes que le 12 avril, après presque trois semaines de fermeture. L'émotion est très forte. Mais la vie doit continuer ...
 
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