Le Super U de Trèbes, où trois personnes ont été tuées par le jihadiste Radouane Lakdim le 23 mars, a rouvert ses portes ce matin, 12 avril, après presque trois semaines de fermeture. L'émotion est très forte.
Dans ce supermarché de la petite ville située à une dizaine de kilomètres de Carcassonne, Radouane Lakdim, 25 ans, avait tué près des caisses le chef boucher, Christian Medves, 50 ans, ainsi qu'un client, Hervé Sosna, 65 ans.
Le gendarme Arnaud Beltrame s'était ensuite substitué à une otage, employée du magasin, laissant son téléphone ouvert pour aider les forces de l'ordre, avant d'être mortellement blessé au cou par le jihadiste. Celui-ci a été abattu lors de l'assaut du GIGN.
Un reportage d'Alexandre Grellier et Frédéric Guibal
C'est très important d'être là
Mireille et André sont arrivés très tôt ce matin. Impossible pour eux de ne pas être là: "J'ai une très forte pensée pour Christian, le boucher. Je connais bien sa femme. C'est très important d'être là."
Avant l'ouverture du magasin, prévue à 10h, Eric de la Jonquière, associé-chef d’entreprise du Super U de Trèbes, est venu à la rencontre des journalistes. "C'est très dur. Pour moi en premier. J'étais dans le magasin au moment de l'attaque. Mais nous avons reçu des messages de soutien du monde entier. C'est notre force. C'est ce qui nous permet d'être là ce matin."
Nous avons reçu des messages de soutien du monde entier. C'est notre force. C'est ce qui nous permet d'être là ce matin
Depuis lundi, 38 des 48 salariés ont repris le travail. Ils sont accompagnés par une quarantaine d'employés venant des magasins du groupe de la grande région sud. "Depuis la tragédie, une cellule psychologique nous accompagne. Chaque collaborateur est suivi personnellement. Cette aide existera aussi longtemps qu'il le faudra. Certains ont émis le souhait de reprendre. La cellule nous a expliqués que cela faisait partie de la thérapie. Mais ce ne sera plus jamais comme avant. "
Chaque collaborateur est suivi personnellement. Cette aide existera aussi longtemps qu'il le faudra
Journée de solidarité
80% des salariés ont repris le travail. "Nous nous sommes donnés rendez-vous lundi. Nous sommes tous rentrés ensemble dans le magasin." Le Super U de Trèbes affiche un message sur sa page Facebook:
"Parce que la vie doit triompher de la barbarie et de la folie. Malgré la douleur, notre devoir est de faire renaître ce lieu de vie."
Virginie est hôtesse de caisse et travaille à la boulangerie. Elle avait besoin de reprendre le travail: "Il faut avancer. Il ne faut pas baisser les bras. Il y avait beaucoup de stress, d'angoisse et beaucoup de tristesse. mais on est là, on avance."
Il faut avancer. Il ne faut pas baisser les bras
Les clients pouvaient aussi signer un registre. "De tout coeur avec vous", "nous serons toujours là avec vous pour continuer à avancer", pouvait-on lire notamment. Quentin travaille au rayon bazar. Il a été très touché par la solidarité et la présence des clients ce matin.