Des peines allant jusqu'à quatre ans d'emprisonnement ont été prononcées pour les cinq accusés qui comparaissaient au procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne. Seule la petite amie de l'assaillant à l'époque des faits a été condamnée pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Des condamnations moins lourdes que celles demandées, plusieurs acquittements, et un sérieux rappel de ce qui constitue l'association de malfaiteurs terroriste. La cour d'assises spéciale a prononcé vendredi 23 février des peines allant jusqu'à quatre ans de prison ferme au procès des attentats de Trèbes et Carcassonne. Celui-ci aura duré un mois.
Sur les cinq accusés jugés devant la cour d'assises spéciale de Paris pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", quatre ont été acquittés pour cette infraction, et seulement condamnés pour des délits connexes.
Marine Pequignot, petite amie de l'assaillant, seule condamnée pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle"
Seule Marine Pequignot, la petite amie radicalisée de l'assaillant qui avait tué quatre personnes ce 23 mars 2018 avant d'être abattu dans l'assaut des forces de l'ordre, a été reconnue coupable de cette infraction.
À lire aussi : Procès des attentats de Trèbes et Carcassonne : la famille Beltrame au centre des attentions au premier jour de l'audience
La jeune femme d'aujourd'hui 24 ans, à l'époque ultra-radicalisée et qui connaissait "quasiment" tout du projet d'attentat de son petit ami selon l'accusation, a été condamnée à cinq ans d'emprisonnement dont deux ans avec sursis, indique l'Agence France-Presse. "Pour nous, c'est un immense soulagement. La peine nous semble juste, elle tient compte du contexte dans lesquels les faits se sont déroulés", indique l'une de ses avocats, Alexandra Boret.
Marine Pequignot a déjà passé deux ans et quelques mois en détention et est depuis presque quatre ans "sous contrôle judiciaire", selon son avocate. Elle aura une peine de quelques mois à réaliser sur ses trois ans de prison ferme. Cette dernière pourra être aménagée, et donc ne pas passer par la détention.
La peine est bien inférieure toutefois à celle qu'avait demandée le parquet national antiterroriste (Pnat) dans ses réquisitions, à savoir onze ans.
"L'infraction de l'association de malfaiteurs terroriste implique quand même des actes matériels au soutien, à tout le moins, d'un projet terroriste. S'il n'y a pas d'acte matériel, même en cas de complaisance, on ne peut pas [la] retenir", a déclaré comme un rappel le président Laurent Raviot à la fin de son délibéré, bien en deçà de ce qu'avait demandé le Pnat. Celui-ci avait cependant aussi requis l'abandon de la qualification terroriste pour plusieurs accusés.
"L'incompréhension immédiate" du côté des victimes
Du côté des victimes, "c'est l'incompréhension immédiate, ça va nécessiter quelques explications", a réagi, très ému, Maître Franck Alberti, avocat de la famille de Christian Medves, boucher abattu à bout touchant au Super U de Trèbes. Les filles du salarié assassiné "attendaient un peu autre chose" qu'un "appel à la conscience de chacun et à la responsabilité morale", a-t-il indiqué.
À lire aussi : Attentat de Trèbes : "Ils n'auront pas le plaisir d'avoir ma haine" assure la fille de Christian Medves, assassiné
Les magistrats ont également décidé que Samir Manaa, 28 ans, contre qui le Pnat avait requis une peine de 10 ans pour avoir accompagné Radouane Lakdim pour acheter le couteau qui blessera mortellement le gendarme Arnaud Beltrame, devait être acquitté de l'association de malfaiteurs terroriste. Il a uniquement été condamné pour un délit connexe sur la détention d'armes (sans lien avec l'attentat) à trois ans d'emprisonnement. En détention provisoire depuis cinq ans et demi, il sortira dans la soirée. Pendant le procès, cet ami de quartier, jamais radicalisé, de Radouane Lakdim avait juré qu'il ne savait rien de sa dangerosité et de son fanatisme. "Tout le monde savait", n'a au contraire cessé de répéter le Pnat pendant ces cinq semaines d'audience.
La cour a aussi condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis l'ami qui n'avait pas dénoncé l'assaillant, à trois ans d'emprisonnement le beau-frère de Radouane Lakdim pour avoir nettoyé l'appartement de ce dernier pendant l'attentat, à quatre ans d'emprisonnement dont deux avec sursis celui qui avait discuté modalités du jihad avec l'assaillant sur internet, pour "provocation à un acte de terrorisme".
La peine la plus lourde concerne finalement un accusé devenu secondaire au fil du procès, le petit chef du trafic de drogue de la cité, qui selon l'accusation faisait parfois dealer Radouane Lakdim en sachant qu'il était radicalisé.
Il a été acquitté pour l'association de malfaiteurs terroriste, mais condamné pour des délits de détention d'armes (sans lien avec l'attentat), à quatre ans d'emprisonnement.