Comment concilier pratique du golf, sécheresse et écologie ? Une vingtaine de directeurs de golf réunis à Carcassonne ont planché récemment sur la question. L'irrigation des terrains est un enjeu fondamental pour ce sport de loisir surtout dans le sud de la France. Mais cette pratique légale heurte le monde agricole et provoque l'incompréhension voire l'hostilité d'une partie de l'opinion. Les greens tentent donc de s'adapter.
Le golf de Carcassonne pompe l'eau destinée à son arrosage dans l'Aude voisine, en moyenne 100.000 m3 par an.
Cette année, comme l'été dernier, sa consommation pourrait à nouveau être réduite de 60% en cas de forte sécheresse.
On peut laisser les fairways sans être arrosés durant ces périodes là, ils peuvent le supporter, même si ensuite à l'automne, il faut les retravailler et resemer. Mais les greens, si on ne les entretient pas, ils sont morts et irrécupérables.
Philippe Riu, propriétaire du golf de Carcassonne
Sport, économie et écologie
Serge est un habitué du golf club de Carcassonne. Il a dû s'accommoder des restrictions d'irrigation pendant plus de 3 mois, l'eté dernier. Seuls les greens étaient arrosés la nuit.
"Le green est nécessaire à la pratique du golf, c'est là que le joueur se régale, que l'on excerce l'habileté, c'est là que ce sport prend toute sa dimension. En Afrique, il y a aussi des golfs et peu d'eau et pourtant, ils trouvent des solutions. Le terrain est en sable et on joue la balle sur un tapis. Il y a aussi des terrains avec des parcelles synthétiques. En Espagne, beaucoup de golfs réutilisent les eaux usées, ils sont autonomes, c'est idéal", explique Serge, golfeur depuis 35 ans.
Conscient des enjeux pour préserver les ressources en eau, le golf remplace peu à peu ses 600 arroseurs par du matériel plus performant.
"L'ancienne génération de système d'arrosage consomme beaucoup d'eau. Maintenant, on met des turbines qui brumisent l'eau, on peut économiser jusqu'à 30% de notre irrigation" affirme Brice Beneditti, greenkeeper.
Les directeurs de 20 golfs, réunis à Carcassonne, cherchent d'autres solutions pour faire encore plus d'économies d'eau et être plus respectueux de l'environnement. Selon eux, depuis 2015, les golfs francais auraient économisé plus de 900.000 m3 d'eau.
Nous travaillons toujours sur les besoins en eau mais aussi sur les intrants, les produits phytosanitaires pour entretenir les greens. On recherche de nouvelles graminées pour nos greens avec des herbes plus résistantes à la chaleur, à la sécheresse. Tout cela n'est pas nouveau.
Fabien Soussirac, délégué Occitanie de l'association des directeurs de golfs de France
Autre piste, la réutilisation des eaux usées et traitées. Elle reste freinée en France à cause de la législation, leur aspersion est interdite lorsque le vent dépasse les 15 km/h. Elle est donc de fait impossible dans les trois golfs de l'Aude, dont celui de Carcassonne, mais aussi dans les six practices des Pyrénées-Orientales.