Les 2 militaires du 4e Régiment étranger de Castelnaudary sont jugés à partir de ce lundi, à Carcassonne, par la cour d'assises de l'Aude pour le viol d'un compagnon de chambrée, avec un manche à balai, en avril 2010.
Le procès se tiendra probablement à huis clos, à la demande de la victime, un Mongol souhaitant garder l'anonymat, "un homme démoli et traumatisé" par cette agression, selon son avocat, Me Willy Biteau.
Mario Tobar, Colombien, et Roman Kolesnik, Ukrainien, évoquent une violente bagarre entre légionnaires en cours de formation. Ils admettent avoir frappé la victime, mais nient l'avoir sexuellement agressée avec le manche d'un balai pour WC.
Le 30 avril 2010, les légionnaires de Castelnaudary commémorent la bataille de Camerone, un rendez-vous festif des légionnaires, copieusement arrosé.
Dans la nuit, un militaire effectuant une ronde de routine découvre le corps du Mongol, inconscient et portant de multiples traces de coups. Il est aussitôt hospitalisé.
Le légionnaire mongol "s'est rapidement remis physiquement, mais le traumatisme subsiste. Dans sa culture, c'est un acte extrêmement grave, il a tenté plusieurs fois de se suicider", relate Me Biteau. Il loue dans cette affaire le comportement "exemplaire" de la Légion, qui a alerté la justice civile et l'a affecté à sa demande dans un autre régiment.
Les 2 hommes encourent 20 ans de prison
Les trois hommes s'étaient engagés quatre mois avant les faits dans la Légion étrangère, corps d'élite de l'armée française, et suivaient encore l'éprouvante formation visant à écarter les recrues plus fragiles.
Le Colombien de 29 ans, père d'un garçon de 8 ans qui vit en Espagne avec sa mère, accuse Roman Kolesnik d'être l'auteur du viol. "C'est une bagarre qui a mal tourné", avance son avocat, Me Olivier Andrieu, qui décrit son client comme un homme normal et sain.
Me Andrieu émet un doute sur la réalité de l'agression sexuelle. "Y a-t-il eu tentative de viol, ou bien viol sur cette personne?" demande-t-il.
De son côté, l'Ukrainien, un ancien militaire de l'armée russe âgé de 28 ans, dit ne pas avoir assisté au viol.
D'après Me Olivier Vercellone, avocat de Roman Kolesnik, la bagarre s'est déroulée "dans la chambre et la salle de bains attenante, mais les trois autres compagnons de chambrée n'ont rien vu, ni rien entendu. Les témoins ne disent pas ce qui s'est passé". "C'est impossible de ne pas se rendre compte, ce sont des gens qui ont le sommeil très lourd", ajoute-t-il.
Dans ce dossier, relève-t-il, "il y a beaucoup de non-dits, des choses malsaines. Affaire d'honneur? Secret au sein de la Légion?"
Me Vercellone évoque des "personnalités à fleur de peau", un milieu dans lequel les coups partent facilement. "Ce ne sont pas des pervers, affirme-t-il, c'est un dérapage."
Après avoir été exclus de la Légion, les deux accusés encourent une peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle. Le verdict de la cour d'assises de l'Aude est attendu pour mercredi soir.