L'incertitude entourait, lundi, la participation de Deveille, l'un des deux partenaires industriels du dossier de reprise de Spanghero, porté par des salariés. Ils ne cachaient pas leur pessimisme à la veille d'une audience cruciale devant le tribunal de commerce de Carcassonne, mardi.
L'entreprise Deveille a décidé de se "mettre en retrait", laissant l'autre industriel du projet, Delpeyrat, en charge de l'intégralité du projet et de son financement, a expliqué à l'AFP Jean Aparicio, l'un des deux salariés impliqué dans la mise en place de ce projet.
Ce projet et celui concurrent de Laurent Spanghero, qui visent à sauvegarder une centaine d'emplois sur 230, doivent être examinés mardi matin par le tribunal de commerce de Carcassonne et constituent les seules chances d'éviter une liquidation complète de l'entreprise de Castelnaudary.
Deveille se désengagerait à cause du battage médiatique et des déclarations de Laurent Spanghero
Cette offre de reprise prévoyait initialement que Delpeyrat, (foie gras, plats cuisinés), filiale landaise du groupe coopératif Maïsadour, reprenne les plats cuisinés, notamment pour fabriquer du cassoulet de Castelnaudary haut de gamme, tandis que la société Deveille, de Feurs (Loire), spécialisée dans la transformation de la viande (abattage, steaks, saucisses), reprendrait l'activité similaire de Spanghero.
Mais "Deveille s'est mis en retrait (...) Ça ne veut pas dire qu'ils s'en vont du projet. Delpeyrat prend le devant de la scène tout seul et assume la partie qui devait être celle de Deveille (transformation de viande) pour l'instant. Ils (Delpeyrat) reprennent la totalité pour le moment", a expliqué M. Aparicio.
Selon lui, Deveille aurait pris sa décision en raison du battage médiatique qui accompagne le sort de la société au coeur du scandale de la viande de cheval mais également des déclarations de l'autre repreneur, Laurent Spanghero.
Ce dernier, co-fondateur de la société avant de la céder en 2009 pour un euro symbolique à l'actuel propriétaire, la coopérative basque Lur Berri, a affirmé vendredi que la société était "encore gangrenée de l'intérieur", en référence au scandale.
Le dossier de reprise des salariés est affaibli
La modification substantielle du projet Delpeyrat-Deveille pourrait diminuer ses chances devant le tribunal de commerce de Carcassonne.
"Demain au tribunal, ça va être très compliqué. C'est dommage, c'était un projet viable avec deux industriels qui tenaient la route. Et aujourd'hui, tout pourrait s'écrouler", a déploré M. Aparicio, qui estime par ailleurs que le projet présenté par Laurent Spanghero "n'est pas viable".
Interrogé par l'AFP, Delpeyrat s'est refusé à tout commentaire, laissant entendre que des discussions se poursuivaient lundi après-midi: "Le dossier n'est pas encore finalisé".
De son côté, M. Spanghero s'est associé à un promoteur immobilier de Narbonne, Jacques Blanc, et une société d'investissement, Investeam, et se propose aussi de sauvegarder une centaine d'emplois dans les deux branches d'activités de Spanghero.
Le tribunal de commerce, qui devrait mettre sa décision en délibéré selon des sources concordantes, doit choisir entre l'un des deux repreneurs ou n'en retenir aucun et prononcer la liquidation pure et simple de l'entreprise.