300 viticulteurs ont commémoré ce dimanche à Montredon-des-Corbières (Aude), la manifestation sanglante du 4 mars 1976 qui avait fait 2 morts et une trentaine de blessés parmi les vignerons et les forces de l'ordre. Un hommage sur fond de nouvelle crise agricole française.
300 viticulteurs environ ont commémoré ce dimanche les 40 ans du drame de Montredon-des-Corbières (Aude), où des affrontements entre vignerons et CRS avaient fait 2 morts et une trentaine de blessés le 4 mars 1976, sur fond de grave crise viticole. Un drame qui résonne aujourd'hui encore : "On se bat pour vivre et travailler au pays", a lancé Frédéric Rouanet, président du Syndicat des vignerons de l'Aude, replaçant les événéments de Montredon dans le contexte de la sévère crise que traverse encore actuellement l'agriculture.
Une histoire qui se répète
Frédéric Rouanet a reconnu que la viticulture languedocienne s'était "sortie la tête de l'eau" depuis 40 ans. Pourtant, les revendications de l'époque et le combat d'alors restent d'actualité. "Les anciens ont été les premiers à dire attention à l'Europe. Je m'aperçois que, 40 ans après, l'histoire se répète", a-t-il ajouté lors d'une série de brefs discours. Peu auparavant, les vignerons de la région se sont rendus sur la stèle d'Emile Pouytes, le viticulteur tué lors des événements, sur laquelle est gravée "Vigneron, souviens-toi".
Hommage au viticulteur et au commandant de CRS tués
Le cortège a ensuite marché silencieusement, drapeaux occitans en tête, jusqu'à la stèle érigée en mémoire de Joël Le Goff, le commandant des CRS qui a également perdu la vie lors de la fusillade. Vendredi, les anciens de la compagnie de CRS à laquelle appartenait M. Le Goff étaient déjà venus déposer 2 gerbes sur les stèles des défunts.
1976 : une manifestation les armes au poing
Le 4 mars 1976, tandis que l'ouverture des frontières voulue par l'Europe provoquait une mévente totale des vins du Languedoc, plusieurs milliers de manifestants bloquaient le pont de Montredon, sur la RN 113, près de Narbonne, et la voie ferrée située en contrebas, pour protester contre la détention de 2 vignerons, arrêtés pour la mise à sac des installations du plus grand importateur de vins italiens.
Ils incendient des wagons et démontent des voix, avant qu'une fusillade éclate entre les manifestants armés et les CRS. Une trentaine de personnes seront également blessées.
Se révolter, une nécessité mais avec des limites
"Il nous faut transmettre à nos jeunes les limites à ne pas franchir", a souligné lors d'un discours Jacques Serre, 66 ans, témoin des affrontements. "C'étaient des vignerons acculés au désespoir dont la seule solution était de manifester ou de se suicider", a-t-il cependant rappelé. "Il faut que les vignerons, les maraîchers, les agriculteurs puissent avoir un revenu décent", a ajouté M. Serre, membre de la FDSEA. "La révolte est parfois le dernier recours quand tout le reste est vain", a jugé Roland Courteau, sénateur PS de l'Aude.