Les vignerons du Languedoc s’inquiètent. En pleine campagne électorale, ils veulent faire entendre leurs problématiques : concurrence espagnole, étiquetage trompeurs, prix tirés vers le bas. S’ils ne sont pas écoutés, ils menacent d’actions plus fortes.
1. Plusieurs crises
Il y a 30 ans, on comptait plus de 300 caves coopératives dans le Languedoc. Aujourd’hui, la moitié a disparu. Celle de Bizanet (Aude) a traversé les crises. Mais depuis quelques mois, l’activité subit un véritable coup de frein.« En 2016, on est en train de contractualiser la récolte avec une perte d’au moins 20 % », explique Patrice Godel, Président des Celliers de l’Aussou à Bizanet.
2. Prix vs qualité
Les 60 vignerons de la cave iront à la manifestation de soutien à la viticulture. Ils sont d’autant plus furieux qu’ils ont amélioré la qualité. Leurs vins d’appellation sont d’ailleurs recherchés. Les vins de pays, d’entrée de gamme, subissent la concurrence espagnole.Produits à 30€ par hectolitres, ils sont deux fois moins cher que les prix du Languedoc. Impossibles à concurrencer. Les raisons ? Un coût du travail moins élevé de l’autre côté des Pyrénées, une réglementation environnementale différente.
La concurrence pèse sur les vins d’entrée de gamme, 7% du marché. Mais elle entraîne tous les prix vers le bas. Pour Joël Castany, à la tête d’un groupement de coopératives, si le Languedoc a misé sur la qualité, il a délaissé les vins bon marché : « On a été tellement pénalisés par l’image de la bibine du Languedoc qu’on a voulu s’en défaire. Et on est allé très loin dans la raréfaction, dans l’amélioration de la qualité, et peut-être avons-nous oublié de consacrer quelque superficie à des vins qui pouvaient être de prix différents », estime-t-il.
3. Etiquetage
Pour les producteurs, la concurrence est déloyale et les négociants français en profitent. Dans la nuit de vendredi à samedi, les locaux d’un négociant en vin ont d’ailleurs été incendiés.Le syndicat des vins des pays d’Oc accuse les négociants d’induire les consommateurs en erreur : ils vendent des des marques aux résonnances languedociennes. Mais à y regarder de plus près, sur l’étiquette, on découvre l’origine espagnole du vin.
« C’est beaucoup plus rentable d’aller chercher du vin à 40% moins cher en passant la frontière et en le coupant à 30% de vins de chez nous », estime Patrice Godel.
Face à cette crise qu’ils voient arriver, les leaders syndicaux interpellent les dirigeants politiques.
4. De nouvelles actions à prévoir ?
« Si rien ne se passe jusqu’aux vendanges, après les vendanges je pense que les manifestations seront plus dures et les discours changeront », prévient Frédéric Rouanet, président du Syndicat des vignerons de l'Aude.Les viticulteurs redoutent une nouvelle crise dans le monde rural du Languedoc.