Cela fait des mois que Salles-d'Aude se mobilise pour que Louis, enfant né d'un père japonais et d'une mère française, puisse rester en France. Mais le dernier recours de sa mère, Marine Verhoeven, a été rejeté par la Cour de cassation. Le garçon de 4 ans devrait à tout moment repartir au Japon.
En hommage à Louis, les habitants de Salles-d'Aude ont lancé des ballons bleus, sa couleur préférée, dans le ciel ce dimanche 24 novembre. Le petit garçon de 4 ans a reçu le soutien de son village, qui se bat depuis des mois pour qu'il puisse rester en France, avec sa mère, Marine Verhoeven.
Cet enfant franco-japonais pourrait en effet à tout moment être reconduit au Japon par les autorités. Sa mère a perdu jeudi dernier l'ultime recours en Cassation qui aurait pu lui permettre de garder son enfant. Mais c'est son père japonais qui a gagné la bataille judiciaire.
Car dans son pays, là où a été conçu Louis, le parent japonais est souverain, et l'autorité parentale exclusive, en cas de divorce, lui est toujours accordée.
De plus, dans le cas de Louis, la justice fonde sa décision sur la convention de La Haye, suite à la demande du père qui parle d'enlèvement. De son côté, Marine évoque un départ dû à des humiliations et des gestes de violence, et un retour en France avec son enfant avec l'accord du père.
Louis est actuellement en deuxième section de maternelle dans ce village de l'Aude. L'association créée en soutien à sa mère et lui avait déjà mobilisé les locaux en août pour une marche blanche. Des centaines de lettres avaient été envoyées à Emmanuel Macron pour l'interpeller sur la situation.
Des photos éparpillées en mémoire de sa présence
Aujourd'hui, son comité de soutien veut à tout prix qu'il garde une place dans le village et dans les mémoires. À ces ballons envolés, sont accrochés des photos de la mère et son enfant, qui une fois retombées, éparpillées, marqueront le sol de la présence du petit Louis."Pour nous, l’important maintenant c’est qu’il reste une trace, que Louis puisse voir que sa mère ne l’a jamais abandonné, explique Magali Simmons, co-fondatrice du comité de soutien. On veut que l’empreinte de sa présence persiste dans le village, que les gens se souviennent. Si un jour Louis, une fois au Japon, recherche ses origines, qu’il puisse retrouver sa maman."
Abandon de la justice
Marine et son fils n'ont pas trouvé la force de se rendre sur place ce dimanche. Après toutes ces années de procédure judiciaire, sa famille se sent abandonnée par la justice."On se dit que ça fait plus de deux ans de procédure, et la justice ne nous a jamais entendu, déplore Viviane Verhoeven, la grand-mère de Louis. Ce que je trouve cruel, c’est que c’est une mascarade de justice. Ils ont toujours eu l’intention de renvoyer l’enfant."
À cause des ces procédures judiciaires, Marine Verhoeven sait qu'elle ne pourra plus retourner au Japon. Une fois son fils parti, il lui sera impossible de retourner le voir là-bas jusqu'à au moins ses 20 ans.
"S'il part, je ne le reverrai jamais"
"Je suis inquiète, confiait Marine en juillet dernier. Si mon fils repart au Japon, moi je n'ai plus de visa, je ne peux pas rester là-bas. La législation japonaise n'est pas la même. En cas de séparation des parents, il n'y a pas de garde partagée, il n'y a pas de droit de visite... S'il repart, je ne le reverrai jamais."
Son comité de soutien va continuer à médiatiser son histoire et à lever des fonds pour aider Marine. "On va continuer notre combat pour faire que ces liens ne soient pas totalement rompus, continue Magali Simon. S'il faut pouvoir faire un voyage, trouver un avocat, etc. il ne faut pas qu'elle en soit empêchée."
150 000 enfants enlevés chaque année au Japon
Environ 150.000 enfants sont enlevés chaque année par un parent japonais à la suite d'une séparation, selon l'ONG Kizuna Child-Parent Reunion.
Une avocate française a annoncé, le lundi 12 août, avoir déposé une requête auprès de l'ONU afin de réclamer la fin de ces "violations des droits de l’enfant" et la nomination d’un expert indépendant pour faire un rapport de la situation.
En visite en juin dernier au Japon, le président Emmanuel Macron s'était engagé à agir en faveur des nombreux pères séparés de leurs enfants dans des cas de figure similaires.